Mission médicalisée en Casamance 14

La nuit est assez courte, car à partir de 4 H du matin, on est réveillé par de nombreux bruits d’animaux : chiens, coqs, oiseaux et autres bestioles, on ne le saura jamais lesquels. Bref, fin de nuit mouvementée mais pas froide.

6 H 30 – Lever et petit déjeuner (ce matin je change le thé pour de la ricorée).

Puis retour au centre de santé, et dès 8 H 30 on reprend les consultations, et là nous sommes, avec Dominique, confrontés à un douloureux problème, celui d’une jeune fille de 21 ans porteuse d’une séquelle cardiaque grave, suite à un rhumatisme articulaire aigu dans l’enfance (RAA). Elle est porteuse d’un énorme souffle tant au foyer aortique que mitral. La lésion est gravissime. Elle justifie la mise en place d’une double prothèse, irréalisable au Sénégal. Sa survie ne sera que de quelques années. Elle n’a aucun moyen d’être expédiée en France, « la Chaîne de l’Espoir » avec laquelle nous travaillons est limitée aux enfants jusqu’à 14 ans. De plus, après l’intervention, c’est un traitement à vie par les anticoagulants, avec la difficulté d’une surveillance régulière de la coagulation. Selon Dominique, cette surveillance est impossible au Sénégal, à fortiori en Casamance. On la laisse partir, le cœur gros avec un long discours pour la persuader qu’avoir une grossesse serait une catastrophe. On lui donne des conseils d’hygiène avec en particulier l’hygiène des dents. Pour cela on lui propose d’arracher les dents cariées. Elle reviendra demain. Elle a un regard si triste après avoir compris que sa vie n’aura pas la possibilité d’enfants, donc de mari !

Ainsi va la vie !

Le reste de la consultation se déroule normalement.
C’est déjà une sorte de routine !

Vers 14 H, le traditionnel repas offert est préparé par les villageoises : riz,  poisson (original, n’est-ce pas ?).

L’après-midi est consacré à une nouvelle expérience.
Jean , ORL, avait emmené quelques appareils auditifs anciens, récupérés, mais surtout réhabilités, sans grande nécessité technique et fonctionnant avec des piles électriques rondes classiques.  Il avait donc convoqué les malentendants du village et des alentours. Mais avant d’attribuer ces appareils, il fallait s’assurer qu’ils étaient utiles et donc qu’un amplificateur de sons pouvait rendre l’audition. Pour ce faire, il avait ramené un amplificateur relié à deux écouteurs. La première patiente, âgée d’environ 50 ans, est branchée avec cet appareil. Jean lui demande si elle nous entend, elle nous regarde complètement éberluée, marque un temps d’arrêt et avec un large sourire, nous dit le seul mot français qu’elle connaît : « magnifique ». Nous vivons alors une grande émotion et c’est presque les larmes aux yeux qu’on lui explique comment mettre le sonotone en marche.

Il faut du temps pour montrer comment il se place, comment il s’allume et comment il faut changer les piles, etc… etc…

Cet apprentissage est long, mais avec de la patience on espère qu’elle a compris. Elle repart chez elle avec une convocation pour revenir au contrôle le lendemain.

Les deux suivants ne correspondent pas et ne peuvent avoir ce secours. Le 4ème, en revanche, peut en bénéficier et c’est donc pour lui une nouvelle joie, et on assiste alors, chez ce patient qui ne parlait presque pas, à une logorrhée. Il n’arrête plus de parler, il veut communiquer sa joie, quelle émotion. La dentiste présente nous dit : « rien que ce sourire suffit à justifier notre mission et c’est bien vrai ! ».

Ces deux patients seront donc revus le lendemain.


Vers 18 H, on lève le camp et retour au campement.

Ce soir, pas le temps pour la belote, mais on se prépare pour le poulet du souper, car c’était promis, on peut rêver, on nous promet un poulet. Et effectivement, c’est un magnifique poulet basquaise que Joël et Bernadette nous ont préparé, avec en prime une purée mousseline. Quel festin !!! Les trois étoiles peuvent s’accrocher.

Nous voilà donc bien repus. Il nous reste à regagner nos tentes pour une bonne nuit.

Présentation de notre association en date du 23 décembre sur ce blog.

 

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