Ce 23 mars se tenait à Lyon un atelier de travail et de réflexion organisé par RESACOOP que nous remercions (Réseau Rhône Alpes d’Appui à la Coopération). Il était consacré à » Sécurité alimentaire dans les pays du Sahel ».
Bruno Moulinier, président de « SMARA », Thérèse Faye, Présidente de la « Fédération Via Sahel » et moi-même pour ANIMA étions présents. Claude Moulinier de SMARA nous avait rejoints, heureuse d’avoir pu rentrer de Bamako par le dernier avion qui a pu quitter le Mali avant la fermeture des frontières par les putchistes!…
Caroline Bah, agronome, membre d’Afrique Verte, a ainsi pu présenter la situation actuelle:
On sait que les périodes de sécheresse se rapprochent ce qui ne permet pas la reconstitution des réserves sur place. La mauvaise pluviométrie du dernier hivernage (juin à octobre 2011) a ainsi entraîné une nouvelle fois des récoltes céréalières médiocres qui ne permettront pas d’assurer la soudure avec les récoltes à venir fin 2012.
De plus la situation au nord Mali est plus que jamais préoccupante du fait de la rébellion touareg qui se surajoute aux exactions d’Al Quaida (AQMI): de nombreux Maliens ont fui pour se réfugier au Niger, en Mauritanie ou plus au sud dans leur propre pays; au Nord Nigéria le groupe islamiste Boko Haram en conflit armé avec le gouvernement, entraîne une forte insécurité qui s’étend au Niger frontalier…Enfin le retour des migrants de Libye dans leur pays accroît le problème alimentaire et empêche ces personnes de renvoyer, comme elles le faisaient, de l’argent dans leurs familles et villages…Au Mali, au Niger, et même en Casamance les revenus touristiques se sont taris aggravant encore la baisse des revenus. L’élevage est touché également avec important déficit fourrager tandis que de nombreuses récoltes d’appoint ont également souffert du déficit pluviométrique (oignons par exemple au Niger et en Pays Dogon).
La hausse du prix des carburants, les spéculations sur les céréales n’arrangent rien bien entendu…
Depuis l’automne dernier les gouvernements, les grands instances d’aide et de coopération, toutes les ONG présentes sur le terrain ont annoncé la crise alimentaire à venir et tentent de définir les mesures à prendre.
- Mesures d’urgence
– approvisionnement des populations en céréales
– approvisionnement des enfants en farines infantiles enrichies
– soutien aux éleveurs
– soutien aux agriculteurs pour la prochaine campagne agricole: fourniture des semences
– respect de la libre circulation des biens agricoles (ne pas fermer les frontières…)
- Mesures à moyen ou à lon terme
– subventions alimentaires
– renforcement des stocks de sécurité (des banques de céréales villageoises aux stocks nationaux)
-renforcement de la production agricole (irrigation mais aussi diversification)
– développement d’autres sources de revenus (intérêt du microcrédit).Une liaison par Skype a permis aux représentants de la région Rhône Alpes au Mali et au Burkina de faire en direct le point sur la situation dans ces paysLa discussion entre les nombreux membres présents a permis de réfléchir sur les conduites à tenir pour que les ONG du Nord puissent soutenir celles du Sud afin d’apporter du secours aux populations menacées, en sachant bien que le réchauffement climatique va encore intensifier les problèmes de sécheresse…
Présentation de notre association sur ce blog à la date du 23 décembre 2011
Selon RFI:
http://www.rfi.fr/afrique/20120327-mali-impact-negatif-situation-humanitaire-instabilite-perdure
Mali : dégradation de la situation humanitaire à cause du putsch et du conflit dans le Nord
Par Ursula Soares
Le Mali, qui fait face à une crise alimentaire et nutritionnelle touchant l’ensemble du Sahel, pourrait voir sa situation s’aggraver si le conflit militaire perdure, notamment après le coup d’Etat du 22 mars. Selon plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) présentes sur le terrain, la situation des populations civiles dans le nord du Mali et dans les pays voisins reste toujours préoccupante.
Plus de 200 000 personnes ont été déplacées, depuis la mi-janvier 2012, début du conflit entre la rébellion et l’armée, dans le nord du Mali. Selon Médecins du Monde, plus de la moitié s’est déplacée à l’intérieur des frontières du pays et l’autre moitié dans les pays voisins. Les organisations humanitaires restent mobilisées pour apporter une assistance aux populations. Cependant, ces ONG redoutent le pire, notamment parce que les habitants du Nord ne sont plus accessibles ou que très difficilement.
Le 16 mars, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge malienne ont commencé à distribuer des vivres à plus de 28 000 déplacés, dans le cercle de Ménaka, dans la région de Gao. Une semaine plus tard, le Programme alimentaire mondial avait lui aussi lancé une opération d’urgence à Gao.