une évacuation sanitaire quelque part dans les îles

Depuis quatre jours nous demandons que la jeune patiente que nous avons prise en charge sitôt notre arrivée, soit évacuée en même temps que sa fillette de 3 ans. Toutes deux sont très mal probablement atteintes d’une tuberculose avec altération profonde de l’état général, amaigrissement et anémie et pour corser le tout une très probable crise de paludisme chez la mère avec une hyperthermie majeure et des sueurs profuses; vivre de surcroit dans un baraquement aux murs et au toit en tôle n’arrange en rien les choses par une chaleur étouffante. Nos infirmières ont passé quelques heures à son chevet à surveiller les perfusions intra-veineuses de quinine. Finalement notre pression auprès de la famille a fini par se révéler payante et en ce dimanche après-midi on attend la pirogue qui va emmener à l’hôpital la mère et la fille. Pendant ce temps se déroule sous le soleil un match de foot entre les écoliers sous l’arbitrage diligent de notre infirmière Valérie qui pratique le football dans un club. Pour transporter jusqu’au rivage notre malade, faute de brancard c’est sur le porte-bagage d’un vélo, en amzone qu’elle sera conduite prudemment; sur un chemin plat , pas trop sablonneux cela se passe finalement bien. Notre petite caravane avec deux hommes qui mènent le vélo en maintenant la patiente, l’agent de santé, la grande soeur qui emporte sur son dos la fillette malade et les accompagnera jusqu’à l’hôpital pour servir de garde malade et de cuisinère tout autant que d’aide soignante, les autres femmes de la famille valise et sacs sur la tête, notre petite caravane s’étire sur le chemin qui mène en vingt minutes à la pirogue venue chercher les malades.

A la demande du médecin chef de l’hôpital l’agent de santé accompagnera les deux patientes. Notre malade , un peu requinquée par nos perfusions, supporte plutôt bien le déplacement et parvient même à faire quelques pas sur le rivage, bien soutenbue il est vrai. Je demande quand même qu’on la porte en joignant les mains pour faire une chaise…Il faut attendre quelques minutes pour laisser arriver une femme qui accourt emportant une veste chaude pour la traversée d’une durée d’une heure environ.

J’arriverai le lendemain à discuter avec le médecin-chef qui confirmera nos diagnostics et la gravité de la situation…La jeune femme décédera quelques jours plus tard faute de n’avoir pas été prise en mains suffisamment à temps…et d’avoir trainé sans traitement alors que de surcroit on pouvait se demander si l’origine de toutes ces pathologies n’était pas un syndrome d’immunodépression lié au VIH…

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