La mortalité néonatale baisse trop lentement, surtout en Afrique
L’OMS et Save the Children publient les estimations de la mortalité
néonatale les plus complètes à ce jour et appellent à redoubler d’efforts
pour que le nombre de décès de nouveau-nés diminue.
Communiqué de presse conjoint OMS/Save the Children
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2011/newborn_deaths_20110830/fr
/index.html
30 août 2011 | Genève – D’après les résultats d’une nouvelle étude publiée
aujourd’hui dans la revue médicale PLoS Medicine, la mortalité néonatale
baisse à l’échelle mondiale mais les progrès sont trop lents et le retard
est particulièrement marqué en Afrique.
Cette étude, qui porte sur une période de 20 ans et couvre les 193 États
Membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a été menée par des
chercheurs de l’OMS, de Save the Children et de la London School of Hygiene
and Tropical Medicine. Les estimations obtenues sont basées sur une quantité
de données sans précédent et sur de larges consultations avec les pays.
L’étude fait ressortir de façon détaillée l’évolution des tendances au cours
du temps et le potentiel de progression.
Ces décès représentent une part croissante de la mortalité infantile
Le nombre de décès néonatals est passé de 4,6 millions en 1990 à
3,3 millions en 2009, mais la baisse est un peu plus rapide depuis 2000. Au
cours de la dernière décennie, au moment où les objectifs du Millénaire pour
le développement (OMD) ont été fixés, l’augmentation des investissements en
faveur des soins de santé pour les femmes et les enfants, a permis de
progresser plus vite en termes de survie des mères (2,3% par an) et des
enfants de moins de cinq ans (2,1% par an) que de survie des nouveau-nés
(1,7% par an).
Selon les nouveaux chiffres, les décès néonatals, c’est-à-dire ceux qui
surviennent dans les quatre premières semaines suivant la naissance (la
période néonatale), représentent aujourd’hui 41% des décès avant l’âge de
cinq ans, contre 37% en 1990, et ce chiffre va probablement continuer à
augmenter. Alors que la première semaine qui suit la naissance est celle où
le nouveau-né est le plus vulnérable, ce n’est que maintenant que de
nombreux pays commencent à instaurer des programmes de soins postnatals pour
prendre en charge les mères et les nouveau-nés à ce moment critique.
Trois causes principales: prématurité, asphyxie et infections graves
Les trois quarts des décès néonatals dans le monde sont attribuables à trois
causes: la prématurité (29%), l’asphyxie (23%) et les infections graves, par
exemple la septicémie et la pneumonie (25%). Les interventions existantes
permettent de prévenir au moins les deux tiers de ces décès si ceux qui en
ont besoin en bénéficient.
Selon le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général de l’OMS chargé de la
Santé de la famille, de la femme et de l’enfant, «la survie du nouveau-né
est négligée alors que les solutions d’un bon rapport coût-efficacité qui
permettent de prévenir les décès néonatals sont connues». «À quatre ans de
la date-butoir pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le
développement, il est essentiel d’accorder davantage d’attention aux
nouveau-nés et de redoubler d’efforts», a-t-elle ajouté.
Le lieu de naissance pèse fortement sur les chances de survie de l’enfant
Près de 99% des décès de nouveau-nés concernent les pays en développement.
Il ressort de la nouvelle étude que plus de la moitié de ces décès
surviennent dans cinq pays vastes, en partie car ils sont densément peuplés
– l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, la Chine et la République démocratique du
Congo.
En Inde, on déplore chaque année plus 900 000 décès néonatals, soit près de
28% du total mondial. Le Nigéria, septième pays le plus peuplé au monde, est
aujourd’hui le deuxième pays en nombre de décès néonatals alors qu’il était
le cinquième en 1990. Dans ce pays, en effet, le risque de décès néonatal a
très légèrement baissé mais le nombre de naissances a augmenté. La Chine, en
revanche, est passée du deuxième au quatrième rang car le nombre de
naissance a baissé et le risque de décès néonatal a été divisé par deux (de
23 à 11 pour 1000).
Avec une réduction de 1% par an, c’est en Afrique que les progrès sont les
plus lents, toutes régions confondues. Douze des 15 pays où la mortalité
néonatale est supérieure à 39 pour 1000 naissances vivantes appartiennent à
la Région africaine de l’OMS (Angola, Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée
équatoriale, Mali, Mauritanie, Mozambique, République centrafricaine,
République démocratique du Congo, Sierra Leone et Tchad), les trois autres
étant l’Afghanistan, le Pakistan et la Somalie. Au rythme de progression
actuel, il faudrait au continent africain plus de 150 ans pour atteindre les
niveaux de survie néonatale des États-Unis d’Amérique ou du Royaume Uni.
Parmi les dix pays où la mortalité néonatale a baissé de plus de deux tiers
ces vingt dernières années, huit sont des pays à revenu élevé (Chypre,
Estonie, Grèce, Luxembourg, Oman, République tchèque, Saint-Marin et
Singapour) et deux des pays à revenu intermédiaire (Maldives et Serbie).
«Cette étude montre nettement que le lieu de naissance a une influence
déterminante sur les chances de survie et que, notamment en Afrique, trop de
mères ont l’immense chagrin de perdre leur enfant», dit le Dr Joy Lawn du
programme pour la survie des nouveau-nés de Save the Children et coauteur de
l’étude. «Des millions d’enfants pourraient être sauvés car on dispose
d’interventions d’un bon rapport coût-efficacité et dont on sait qu’elles
permettent de prévenir les principales causes de décès néonatal », a-t-elle
ajouté.
Pour plus d’informations, veuillez prendre contact avec:
Dr Mikkel Z. Oestergaard
Mortalité et charge mondiale de morbidité
Téléphone: +41-22-791-2361
Courriel: oestergaardm@who.int
Dr Colin Mathers
Coordonnateur
Mortalité et charge mondiale de morbidité
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