LES FACIES EPIDEMIOLOGIQUES DES PALUDISMES EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE CONSEQUENCES POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE

LES FACIES EPIDEMIOLOGIQUES DES PALUDISMES EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
CONSEQUENCES POUR LA LUTTE ANTIPALUDIQUE
D. BAUDON
Professeur Agrégé du Val-de-Grâce
Directeur Général du Centre pasteur du Cameroun
Sci. Med. Afr. 2010 ; 2(1) : 141-145

RESUME – A l’échelle d’un pays, la lutte contre le paludisme ne peut pas
être univoque.
Pour être efficace, elle doit prendre en compte différents
paramètres comme le faciès épidémiologique, déterminé sur le nombre annuel
moyen de piqûres infestantes et la durée de la transmission, la saison,
l’âge du patient, l’accessibilité aux soins, les contraintes économiques et les
réalités culturelles.
L’auteur détaille ici les différents faciès épidémiologiques, équatorial,
tropical, sahélien, limitrophe du désert, austral et montagnard, qui ne
doivent pas non plus être résumés à ces seules définitions, tant sont
nombreuses les « enclaves épidémiologiques » qui viennent encore compliquer
la lutte contre le paludisme.

Conclusion

La prise en compte des faciès épidémiologiques des paludismes en Afrique
sub-saharienne est indispensable pour l’élaboration des stratégies de lutte
antipaludique
: c’est une des composantes majeures de la stratification. Le
paludisme est une endémie essentiellement rurale, liée à la pluviométrie.
C’est  le niveau de transmission anophélienne qui module l’état de prémunition et
le risque palustre.
Contre le parasite et le vecteur, nous disposons d’outils efficaces et qui
ont fait leurs preuves et les stratégies à mettre en oeuvre sont bien
codifiées. Depuis dix ans, des efforts importants ont été faits, en
particulier dans les domaines de la formation et de la recherche. Les
résultats en termes de morbidité et de mortalité ne sont pas à la hauteur
des espérances même si la situation s’améliore.
C’est dans la mise en oeuvre sur le terrain et surtout en milieu rural que
des efforts doivent être faits. Il faut donner aux services de santé les
moyens de mettre en oeuvre les stratégies en périphérie là où se trouvent
les populations à risques. Un des grands paradoxes de la lutte antipaludique
est que la disponibilité des moyens de lutte (lutte médicamenteuse, lutte
antivectorielle) est la plus importante en milieu urbain, là où la
transmission du paludisme est la plus faible, la où les populations sont les
moins pauvres.

Enfin il faut tenir compte des erreurs du passé pour la lutte antipaludique
d’aujourd’hui. Une des grandes erreurs a été de vouloir appliquer la même
stratégie dans toutes les situations.

Il n’y a pas une mais des stratégies, qui doivent tenir compte certes des
faciès épidémiologiques, mais doivent aussi s’adapter aux contraintes
économiques et aux réalités culturelles. La stratification est la base de
l’identification des stratégies. Les représentants des Etats de 44 pays d’Afrique réunis lors du sommet d’Abuja ont fixé des objectifs, dans la « déclaration d’Abuja » du
25 avril 2000, pour diminuer le fardeau du paludisme d’ici 2010. Ces
objectifs ne pourront être atteints que si les moyens sont donnés aux
services de santé pour amener la lutte antipaludique au niveau rural.

En Afrique, le vingt-et-unième siècle sera celui de l’urbanisation. Une des
conséquences sera le développement d’une population de sujets non immuns
avec une proportion plus élevée de formes graves de paludisme touchant
l’ensemble de la population. Il y aura alors nécessité d’adapter la lutte
antipaludique. Pour ces populations urbaines se posera la question des «
conseils à donner lors du déplacement en milieu rural » : ils seront
probablement très voisins de ceux qui sont donnés aux voyageurs se rendant
en zone impaludée.

Article disponible http://www.oceac.org/pdf/2010/Sma_3/baudon.pdf

Présentation de notre association ANIMA en date du 28 février sur ce blog

Rappel: notre AG se tiendra le samedi 25 juin à 15 heures à Nyons au centre Saint Vincent.

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