Un infirmier en mission sur les îles de Basse Casamance

Mission ANIMA d’octobre 2010 en Casamance.

Nous venons de rentrer de notre dernière mission itinérante sur les îles de Basse Casamance.

Je laisse la plume à Philippe, membre du C.A.de notre association, qui a déjà participé à plusieurs de nos missions comme infirmier. Je le remercie pour tout.

Je n’ai commencé ce petit journal de la mission que quelques jours après le démarrage de la mission et c’est ainsi que je me suis aperçu que je ne savais plus quelle date nous étions. Le temps passe tellement vite et la notion en est tellement différente au Sénégal que nous pouvons vite nous y égarer.

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Comme d’habitude, je suis venu quelques jours avant le début de la mission et je les ai passés à Dakar afin de faire les achats nécessaires en matériel pour la mission.

Je suis arrivé au Sénégal par un vol via Lisbonne le 8 octobre à 1h05 du matin et Nango, mon taximan, m’attendait à l’aéroport. J’ai passé ces quelques nuits au Cercle de Voile de Dakar où j’ai attendu le voilier CÉTACÉ avec Juliette et Dom à son bord; ils nous suivront pour cette mission en Casamance en acceptant de nous servir d’ intendants.

Ils ne restent que deux jours à Dakar, le temps de faire les papiers, et repartent assez vite avec le matériel que je leur ai confié pour la mission pour rejoindre la Casamance et Ziguinchor où nous nous retrouverons quatre jours plus tard.

Je prends le ferry ALINE SITOE DIATTA  le vendredi 15 octobre. Le départ est à 20h00 et il arrive à Ziguinchor le lendemain matin à 10h00. C’est un navire de 75 mètres de long et 15 mètres de large. Il comprend 3 ponts avec des cabines de 2, 4 ou 8 couchettes ainsi que des sièges passagers avec bar (sonorisé de façon éprouvante) et salle de restaurant : il peut embarquer 500 passagers. Le bateau est parfaitement entretenu et le personnel avenant et serviable.

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La nouvelle gare maritime au port de commerce de Dakar a ouvert ses portes récemment et l’embarquement y est plus agréable. C’est un bâtiment neuf et très spacieux  qui sert aussi aux liaisons maritimes avec l’île de Gorée.

Aline Sitoe Diatta est présentée comme une reine, une prêtresse et parfois surnommée la « Jeanne d’Arc d’Afrique ».

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C’est en 1920 qu’Aline Sitoé Diatta vit le jour à Kabrousse, village de Casamance, dans le quartier de Nialou. (Kabrousse est un village côtier, situé près de la frontière de la Guinée Bissau. Il fait partie de la communauté rurale de Diembéring dans la département d’Oussouye et a été le siège d’une royauté Diola). Aline Sitoe Diatta fut élevée par son oncle paternel Elaballin Diatta à la mort de son père.

Elle se rend d’abord à Ziguinchor pour y travailler au port comme docker et migre ensuite à Dakar durant la saison sèche. Nous sommes alors en pleine deuxième guerre mondiale et l’armée française se sert du Sénégal comme colonie vivrière en réquisitionnant d’office toutes les cultures. (Voir le film d’Ousmane Sembène : Emitaï «Dieu du Tonnerre» 1971).

La légende d’Aline Sitoe Diatta commence à Dakar où, comme une prophétesse, elle reçoit la mission quasi divine de libérer son peuple. Aline refuse de s’y investir dans un premier temps. Selon l’hagiographie diola, c’est un vautour blanc qui lui ordonne d’obéir et de rentrer pour secourir une population martyrisée par l’administration coloniale.

Une fois dans son Kassa natal c’est-à-dire en Casamance, cette femme meneuse d’hommes entraîne toute la basse Casamance dans la désobéissance civile face à l’oppression française. Elle organisa la lutte contre la colonisation française, en réclamant le droit des Diolas à vivre en paix sur leurs terres et en boycottant la culture de l’arachide imposée par les Français. Elle est à l’origine de véritables mouvements de révolte en Casamance en disant notamment aux paysans casamançais d’arrêter les cultures commerciales dictées par les colons au profit des cultures vivrières. En effet, l’armée coloniale réquisitionne de plus en plus de riz et de bétail. De plus Aline s’élève contre l’embrigadement des hommes  que la France envoie  se battre en Europe…

En 1942, les chefs symboliques Diolas sont emprisonnés, comme le Roi de M’Lomp. Considérée comme potentiellement dangereuse, elle est arrêtée par l’armée coloniale en 1943. Aline Sitoe Diatta est jugée par l’administration coloniale et déportée à Tombouctou au Mali où elle meurt en 1944 à l’age de 24 ans.

Aline Sitoé Diatta est devenue le symbole de la résistance de la Casamance contre toutes autorités étrangères.

Présentation de notre association ANIMA sur  ce blog à la date du 15 novembre.

Comments

  1. Bonjour, merci de faire partager votre expérience. Je voudrais juste donner une petite précision. Alyinsitoé Diatta ne s’est évidemment jamais appelée Aline (elle doit se retourner dans sa tombe, elle qui a consacré sa vie à lutter contre les Français !) Son prénom signifie tout simplement « soeur de Sitoé). Ce n’est pas exceptionnel ce genre de prénom.
    Bravo pour votre action
    Anne Piette
    (Oussouye)

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