Leishmaniose: alerte au Soudan

Une trentaine de décès par Kala-Azar (Leishmaniose viscérale) sont signalés au Soudan, comme le rapporte RFI,  par « MSF » qui craint une extension de l’épidémie.

 

Le Dr Pierre Buffet a publié un ouvrage qui fait le point sur toutes les formes de LEISHMANIOSE que nous vous recommandons chaudement et auquel je me réfère pour cette mise au point (Sanofi Aventis).

 

On dénombre au moins 1 million de cas nouveaux chaque année sur la planète, avant tout des enfants  pour une prévalence dépassant les  10 millions de cas.
Les parasites responsables sont les leishmanies, unicellulaires dont on connaît chez l’être humain une vingtaine d’espèces pathogènes. La transmission est assurée d’un mammifère à l’autre par une minuscule « mouche » (phlébotome en Afrique, Asie et Europe – lutzomyia en Amérique du sud).
De façon exceptionnelle on a mis en évidence une transmission par transfusion sanguine, par transmission foeto-placentaire, par une greffe d’organes ou encore le partage d’aiguilles et de seringues souillées par les toxicomanes.

 

Chaque espèce de parasite affecte de façon prédominante un mammifère particulier qu’il soit sauvage (paresseux en Guyane) ou domestique ( chien) ou l’homme enfin.

Après contamination dans la majorité des cas les leishmanies persistent dans l’organisme en petit nombre sans déclencher de pathologie. Mais trois formes de la maladie peuvent apparaître:

  une maladie interne : leishmaniose viscérale ou Kala-Azar, plus ou moins grave, parfois mortelle (70000 morts chaque année) avec fièvre souvent au long cours, hépato-splénomégalie,  adénopathies. Leishmania Donovani est l’espèce majeure responsable des épidémies meurtrières chez l’homme.;  la majorité des cas de leishmaniose viscérale se retrouve  en Inde, au Bengladesh et au Népal et au Soudan.

L.infantum est présente sur tout le pourtour méditerranéen et en particulier en France où l’on a mis en évidence cinq foyers (Pyrénées Orientales, Cévennes, Provence, Côte d’Azur et Corse

   une affection dermatologique: leishmaniose cutanée (très variée depuis le simple nodule jusqu’à l’ulcération bourgeonnante) qui est en Europe le plus souvent une forme d’importation (en particulier depuis la Guyane pour la France). L’affection sévit en Amérique latine (Brésil, Panama, Mexique et Guyane). La maladie sévit aussi en Afghanistan, au Pakistan en Syrie, en Arabie Saoudite, en Iran et en Algérie.

  une atteinte de la bouche et du nez: leishmaniose muqueuse (plus rare, succédant à une atteinte cutanée antérieure)

Le VIH qui  entraîne  une  altération de l’immunité  permet une co-infection par Leismania, déjà importante en Ethiopie: on peut craindre une extension de cette association avec dissémination de l’épidémie de Leishmaniose..


Le diagnostic différentiel de la leishmaniose n’est pas toujours évident. Il importe d’être certain du diagnostic avant de commencer un traitement coûteux et souvent toxique…On peut mettre en évidence sous le microscope les leishmanies où détecter certains de leurs composants ainsi que les anticorps circulants. Ces techniques sont difficiles à pratiquer en dehors de centres bien équipés; la mise au point de bandelettes diagnostiques est précieuse sur le terrain.


Le  traitement de la leishmaniose viscérale repose sur plusieurs médicaments très efficaces

  certains apparus au milieu du XX ème siècle: pentamidine, dérivés de l’antimoine, amphotéricine B encore utilisés

  d’autres plus récents : amphotéricine B liposomale peu toxique, très éfficace mais très coûteuse; miltéfosine en comprimés coûteuse et souvent mal supportée; paromomycine bon marché, administrée en injections intra-musculaires.

On craint cependant l’apparition de résistances aux traitements (qu’il est difficile de combiner entre eux pour éviter cette difficulté majeure) .


Le traitement de la leishmaniose cutanée reste pour cette forme, pourtant moins sévère de leishmaniose, paradoxalement souvent plus difficile à mettre en oeuvre.


Le statut de « Maladie négligée » a été reconnu à la fin du XX ème siècle ce qui devrait permettre la recherche de solutions diagnostiques et thérapeutiques applicables partout dans le monde pour cette affection classée désormais parmi les  maladies prioritaires par l’OMS.

 Une collaboration étroite est indispensable entre les médecins et les vétérinaires, en particulier en Europe du sud où de très nombreux chiens sont porteurs de la forme cutanée; il serait raisonnable de ne pas utiliser les nouveaux médicaments chez eux: l’usage vétérinaire de la miltéfosine vient pourtant d’être autorisé en Italie…

Notre association ANIMA vous est présentée à la date du 31 mai sur ce blog.

 

 

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