La nuit est tombée sur le port de Dakar. Sur le pont du ferry, nous attendons que soient larguées les amarres pour que « Aline Sitoé Diatta » puisse s’enfoncer dans la nuit en laissant, à tribord, l’île de Gorée. A nos pieds, nous observons, amarré perpendiculairement à nous, le cargo « Oméga » en train de remplir ses cales d’un chargement de sacs de céréales. Nuit tranquille dans la couchette, après le repas au restaurant du bord pour le premier plat de « capitaine », poisson qui symbolise pour moi les repas en Afrique de l’ouest. Le bateau ne bouge pratiquement pas lors de la descente vers la Casamance alors que, pour la remontée vers Dakar, le navire doit lutter contre vent et courant si bien que, souvent, la navigation est alors bien agitée…Tandis que pointe le jour au petit matin, je suis sur le pont au moment où le ferry embouque le chenal d’accès à la Casamance.
Le passage est plutôt étroit et nécessite un grand virage à plus de 90° que le ferry négocie sans difficulté pour venir dans l’axe du fleuve, se rapprocher de Diogué et de son petit phare en bois, planté dans l’eau par le fait de la remontée des eaux. Nous défilons le long de la grande plage de Diogué où sont mouillées toutes les grandes pirogues de pêche rentrées, en fin de nuit, de leur dur labeur; nous viendrons là travailler en fin de mission…
L’antenne de Nioumoune apparaît puis nous laissons à bâbord le grand bolong de Gambie qui file plein nord. Ziguinchor est bientôt là, vers dix heures du matin après un voyage d’une quinzaine d’heures ; le ferry, en une impeccable manœuvre vient se ranger à quai…
Nous voici donc à Ziguinchor où la chaleur moite nous surprend. Une charrette à bras prend en charge tous les bagages ; nous les avons retrouvés dans la cohue de la grande salle de débarquement où tous les sacs et les valises ont été alignées et où toute le foule de passagers se précipite par une porte étroite pour rechercher son bien et quitter les lieux, en se faufilant au poste de contrôle où il sera vérifié que c’est bien votre bagage que vous emportez…
Nous nous installons à l’hôtel. Nous sommes à deux pas de la chefferie médicale régionale et comme il n’est pas encore tout à fait midi, je m’y précipite en espérant pouvoir rencontrer le médecin-chef; mais il est absent, parti pour Dakar. Comme disent les Africains, « il a voyagé ». Tant pis, ce sera pour notre retour des îles. Cette visite est toujours une étape capitale pour nous; c’est en effet le médecin-chef qui nous délivre toutes les autorisations d’exercice; à chacun de nos passages, il nous reçoit chaleureusement ; c’est avec lui que nous faisons le point sur nos activités et nos projets; il nous arrive de devoir faire appel à lui lorsque nous sommes confrontés à des difficultés: il nous a toujours soutenu efficacement , appréciant, nous semble-t-il, nos actions sur les îles déshéritées de la Basse Casamance.