Nous sommes invités à prendre le repas de midi dans la cour de l’école sous les arbres mais le vent reste froid ; la berge de la Casamance est là toute proche et l’eau gagne inexorablement. Nous sommes à l’embouchure du fleuve qui s’élargit en se jetant dans l’océan ; les rouleaux entrent avec force et nous les entendons depuis notre campement bercer nos nuits d’un grondement sourd et incessant.
sur le chemin de la case de santé les oiseaux…
Le petit phare, autrefois sur la terre, se retouvre les pieds dans l’eau au risque de disparaître si les « phares et balises » du Sénégal n’y mettent bon ordre en le reculant jusqu’à la terre ferme…
Igor et Diane sur Miss Terre ont rejoint Nioumoune emmenant Hyacinthe qui en profite pour s’en retourner à son campement; ils nous rejoindront à la Pointe, dernière étape de notre périple.
Pendant que l’équipe prend son petit déjeuner j’observe ce matin là une pirogue immense qui s’est remplie d’eau et a presque complètement coulé au mouillage. Le piroguier s’affaire à la vider en rejetant l’eau dans le bolong ; je suis captivé par le manège de son aide qui croit bien faire en versant ses seaux dans le compartiment arrière de la pirogue percé par l’ouverture du moteur, grand trou béant par où l’ embarcation s’est remplie ;
il semble persuadé que l’eau va ainsi quitter la pirogue ! Au bout de quelques minutes je me permets quand même d’intervenir en lui expliquant que, si le niveau peu à peu baisse, ce n’est que parce que son copain travaille activement tandis que lui se démène pour un résultat nul ! Il admet le bien fondé de mon intervention et se remet à la tache efficacement…
Nous aurons vu pendant ce séjour de trois jours 202 patients en médecine générale, 221 enfants en médecine scolaire et 33 en soins dentaires.
Réunion de synthèse des plus chaleureuse Le président du comité de santé qui a toujours été là pour gérer notre présence à la case de santé et à l’école nous annonce qu’en guise de remerciement le village se propose de nous préparer le repas du dernier soir après lequel un petit spectacle nous sera offert: récital de « écontine »: grand manche sur une calebasse avec peu de chèvre tendue pour assurer la caisse de résonance des cinq notes permises par les trois cordes (en nylon de fil de pêche)par un griot aux grosses lunettes lui donnant un air sévère dans grand boubou jaune orange à tout petits motifs noirs sur un pantalon noir, le chef coiffé d’un bonnet du même tissu accompagné d’une chanteuse à la belle prestance dans son boubou vert: avec chants et danses de la petite assemblée au tour du feu de bois à la chaleur bienfaisante mais il faut modérer les grandes flammes avivées par le vent froid qui souffle et tourbillonne.
La lune montante dans la nuit noire non loin de la lumineuse planète Vénus n’est qu’un mince croissant; Le griot nous raconte dans ces chansons sa propre vie: guérison par les notes grèles de l’écontine de sa fille qu’il était venu rejoindre en Gambie alors qu’elle était gravement débilitée, histoire de son épouse décédée d’un cancer du sein , énumération des 63 villages du district d’Oussouye dont on a peine à imaginer que cela puisse faire un chant des plus poétique! Sur les chants et l’accompagnement musical certains se mettent à danser autour du feu; on craint quelque peu pour eux en les voyant se rapprocher dangereusement des flammes et des braises.
La soirée se termine et nous prenons congé de tout le monde pour gagner qui sa tente, qui le voilier.