Moins de covid-19 au sein du foyer familial quand des membres sont immunisés, par l’infection ou par la vaccination

Dans une étude épidémiologique, moins de covid-19 au sein du foyer familial quand des membres sont immunisés, par l’infection ou par la vaccination
Les vaccins covid-19 disponibles dans l’Union européenne fin octobre 2021 diminuent fortement le risque de formes graves de covid-19 chez les personnes vaccinées, au moins dans les mois qui suivent un schéma de vaccination avec deux doses, y compris quand le variant Delta du Sars-CoV-2 est prédominant (lire ici et ici). Outre cette protection individuelle se pose la question d’une protection collective au-delà des personnes vaccinées. Fin juin 2021, nous avions rapporté des données d’une étude épidémiologique israélienne qui allaient dans le sens d’une efficacité de la vaccination covid-19 pour réduire la transmission du Sars-CoV-2 (lire ici). Une étude épidémiologique suédoise, dont les résultats ont été publiés mi-octobre 2021, apporte des informations sur le risque de covid-19 au sein d’un foyer, en fonction du nombre de personnes du foyer déjà immunisées contre le Sars-CoV-2.

Une étude portant sur l’ensemble des « foyers familiaux » suédois composés de 2 à 5 personnes. Cette étude rétrospective a été menée à partir de bases de données couvrant l’intégralité de la population suédoise, en prenant en compte les données disponibles au printemps 2021, période au cours de laquelle le variant Delta n’était pas encore prédominant en Suède.

Les auteurs ont défini un « foyer familial » comme un groupe de personnes apparentées et domiciliées à la même adresse. Ils ont ainsi pris en compte 815 000 « foyers familiaux », comptant 2 à 5 personnes, dont au moins une ne semblait pas immunisée contre le Sars-CoV-2. Ont été considérées comme immunisées les personnes ayant un antécédent d’infection confirmée par le Sars-CoV-2, avant fin avril 2021, et celles ayant reçu une vaccination covid-19 avec deux doses de tozinaméran (Comirnaty°), d’élasoméran (Spikevax°) ou de vaccin covid-19 ChAdOx1-S (Vaxzevria°). Les personnes n’ayant reçu qu’une seule dose de vaccin ont été exclues.

Le critère d’évaluation a été la fréquence des infections par le Sars-CoV-2 confirmées par RT-PCR et survenues de mi-avril à fin mai 2021 chez les personnes non immunisées.

L’analyse principale a été réalisée en prenant en compte 1 549 989 personnes non immunisées, avec autant d’hommes que de femmes. Leur âge était en moyenne de 52 ans. Environ 1 300 000 de ces personnes vivaient au sein d’un « foyer familial » dont aucun des membres n’était immunisé, et les autres (environ 250 000) vivaient avec au moins une personne immunisée. 84 % des « foyers familiaux » ne comprenaient que deux personnes.

Moindre risque d’infection chez les personnes non immunisées quand au moins une personne du « foyer familial » est immunisée. Durant le suivi, de 26 jours en moyenne, une infection par le Sars-CoV-2 est survenue chez environ 6 % des personnes non immunisées. L’analyse a pris en compte l’âge, le sexe, le niveau d’études et de revenus, le lieu de naissance, et d’éventuels problèmes de santé connus pour être des facteurs de risque de formes graves de covid-19. Selon cette analyse, le risque d’infection par le Sars-CoV-2 d’une personne non immunisée a été plus faible au sein des « foyers familiaux » comptant au moins une personne immunisée qu’au sein de ceux ne comptant aucune personne immunisée. Ainsi, ce risque a été 45 % à 61 % plus faible quand une autre personne du foyer était immunisée ; 75 % à 86 % plus faible quand deux autres personnes étaient immunisées ; 91 % à 94 % plus faible quand trois autres personnes étaient immunisées ; et de 97 % plus faible quand quatre autres personnes étaient immunisées. Des résultats de même ordre de grandeur ont été observés pour le risque de formes graves de covid-19, avec un risque d’autant plus faible que le nombre de personnes immunisées dans le « foyer familial » était grand.

Selon une analyse complémentaire, la présence dans le « foyer familial » d’une personne n’ayant reçu qu’une seule dose de vaccin (non prise en compte dans l’analyse principale) a été associée à un moindre risque d’infection par le Sars-CoV-2 chez les personnes non immunisées, avec une différence de risque du même ordre de grandeur que celle observée dans l’analyse principale.

Il n’a pas été rapporté de résultat n’incluant que les personnes immunisées par une vaccination avec deux doses de vaccin.

En pratique : l’immunisation contre le Sars-CoV-2 acquise par l’infection ou la vaccination semble conférer une certaine protection au sein d’un foyer. Malgré des limites inhérentes à ce type d’études et le fait que le variant Delta n’était pas encore prédominant au moment de l’étude, ces résultats vont dans le sens d’un risque plus faible de covid-19 au sein d’un foyer quand certaines personnes de ce foyer sont déjà immunisées contre le virus, par l’infection ou la vaccination.

©Prescrire

Source :

Nordström P et coll. « Association between risk of covid-19 infection in nonimmune individuals and covid-19 immunity in their family members » JAMA Intern Med 2021 ; en ligne : 7 pages + supplemental online content : 5 pages.

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