Inquiétant: Impact de l’exposition environnementale aux insecticides sur le développement cognitif de l’enfant de 6 ans

Impact de l’exposition environnementale aux insecticides sur le
développement cognitif de l’enfant de 6 ans

09.06.2015 – COMMUNIQUE

http://presse-inserm.fr/impact-de-lexposition-environnementale-aux-insecticides-sur-le-developpement-cognitif-de-lenfant-de-6-ans/19531/

*Dans un article publié dans la revue Environnement International
<http://dx.doi.org/10.1016/j.envint.2015.05.009>, des chercheurs de
l’Inserm (Unité Inserm 1085 – IRSET, Institut de Recherche sur la Santé,
l’Environnement et le Travail, Rennes) en lien avec le laboratoire de
psychologie du développement et de l’éducation (Université Rennes 2)
apportent de nouveaux éléments suggérant la neurotoxicité chez l’homme des
insecticides du groupe des pyréthrinoïdes, présents dans une grande variété
de produits et d’usages. Une augmentation des taux urinaires de deux
métabolites des pyréthrinoïdes (3‑PBA et cis-DBCA) chez les enfants est
associée à une baisse significative de leurs performances cognitives[1]
<http://presse-inserm.fr/impact-de-lexposition-environnementale-aux-insecticides-sur-le-developpement-cognitif-de-lenfant-de-6-ans/19531/#_ftn1>,
en particulier de la compréhension verbale et de la mémoire de travail.
Cette étude a été réalisée sur près de 300 couples mère-enfant de la
cohorte PELAGIE (Bretagne).*

*L’exposition aux pyréthrinoïdes*

Les pyréthrinoïdes constituent une famille d’insecticides largement
employés dans divers domaines : agricole (diverses cultures), vétérinaire
(produits anti-parasitaires) et domestique (shampooings anti-poux, produits
anti-moustiques). Leur mode d’action consiste en un blocage de la
neurotransmission des insectes provoquant leur paralysie. Du fait de leur
efficacité et de leur relative sécurité chez l’homme et les mammifères, ils
se sont substitués à des molécules plus anciennes (organochlorés,
organophosphorés, carbamate) considérées comme plus toxiques.

L’exposition des enfants aux pyréthrinoïdes est fréquente. Elle diffère de
celle des adultes étant donnés leur plus grande proximité aux poussières du
sol (qui stocke des polluants), des contacts main-bouche plus fréquents,
des shampooings anti-poux, *etc*… Chez l’enfant, les pyréthrinoïdes sont
absorbés principalement par voie digestive, mais aussi par voie cutanée.
Ils sont rapidement métabolisés au niveau du foie, puis éliminés
majoritairement dans les urines en 48 heures sous forme de métabolites.

Compte-tenu de ces éléments et du mode d’action (neurotoxicité) des
insecticides pyréthrinoïdes, les chercheurs ont émis l’hypothèse d’un
éventuel effet de ces contaminants sur le système nerveux et son
développement chez l’enfant.

*L’apport de la cohorte mère-enfant PELAGIE*

La grossesse est également une période de vie importante pour la santé
ultérieure de l’enfant. C’est pourquoi les chercheurs ont étudié la cohorte
mère-enfant PELAGIE mise en place entre 2002 et 2006, suivant 3 500 couples
mères-enfants. Cette cohorte prend en compte de façon simultanée
l’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes pendant la vie fœtale et
pendant l’enfance.

Un total de 287 femmes sélectionnées au hasard dans la cohorte PELAGIE et
contactées avec succès au sixième anniversaire de leur enfant, ont accepté
de participer à cette étude.

Deux psychologues se sont rendues à leur domicile. L’une a procédé à
l’évaluation des performances neuro-cognitives de l’enfant à l’aide de
l’échelle WISC (indice de compréhension verbale – ICV, et indice mémoire de
travail – IMT). L’autre psychologue a caractérisé l’environnement et les
stimulations familiales ayant possiblement un rôle sur le développement
intellectuel de l’enfant, a procédé au recueil d’un échantillon d’urines de
l’enfant et collecté des échantillons de poussières.

L’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes a été estimée par le dosage de
cinq métabolites (3-PBA, 4-F-3-PBA, cis-DCCA, trans-DCCA et cis-DBCA) dans
les urines de la mère (recueillies entre la 6ème et la 19ème semaine de
grossesse) et de l’enfant (recueillies à son 6ème anniversaire).

*Une baisse constatée des performances cognitives chez l’enfant*

Les résultats montrent qu’une augmentation des taux urinaires chez l’enfant
de deux métabolites (3 PBA et cis-DBCA) est associée à une baisse
significative des performances cognitives, alors qu’aucune association
n’est observée pour les trois autres métabolites (4-F-3-PBA, cis-DCCA,
trans-DCCA). En ce qui concerne les concentrations de métabolites durant la
grossesse aucun lien n’est mis en évidence avec les scores neuro-cognitifs.
*« Bien que ces observations doivent être reproduites par d’autres études
afin de pouvoir conclure définitivement, elles pointent sur la
responsabilité potentielle à faibles doses de la deltaméthrine en
particulier (puisque le métabolite cis-DBCA est son métabolite principal et
sélectif) et des insecticides pyréthrinoïdes en général (puisque le
métabolite 3-BPA est un produit de dégradation d’une vingtaine de ces
insecticides) »,* explique Cécile Chevrier, chargée de recherche à
l’Inserm, principal auteure de ces travaux.

*« Les conséquences d’un déficit cognitif de l’enfant sur ses capacités
d’apprentissage et son développement social constituent un handicap pour
l’individu et la société. Les efforts de recherche doivent se poursuivre
afin d’identifier des causes qui puissent faire l’objet de mesures de
prévention* » souligne Jean-François Viel, co-auteur de ces travaux.
*Pour en savoir plus*

*La cohorte PELAGIE*

L’étude PELAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les
Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance) a été mise en place
pour répondre aux préoccupations de santé, en particulier celle des
enfants, dues à la présence de composés toxiques dans nos environnements
quotidiens. Il s’agit d’un suivi d’environ 3 500 mères-enfants réalisé en
Bretagne depuis 2002. L’impact d’expositions prénatales à des contaminants
(solvants, pesticides) sur le développement intra-utérin a été suggéré ;
l’évaluation des conséquences sur le développement de l’enfant est en
cours. L’étude PELAGIE s’intègre dans le réseau européen de cohortes
mères-enfants qui sont un outil épidémiologique lourd et complexe, mais
indispensable pour répondre à ces préoccupations de Santé Publique.

(1)
<http://presse-inserm.fr/impact-de-lexposition-environnementale-aux-insecticides-sur-le-developpement-cognitif-de-lenfant-de-6-ans/19531/#_ftnref1>

Les fonctions cognitives sont les capacités du cerveau qui permettent notamment
de communiquer, de percevoir son environnement, de se concentrer, de se
souvenir d’un événement ou d’accumuler des connaissances.

Les fonctions cognitives


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Présentation de notre association ANIMA en date du 21 décembre 2012 sur ce blog.

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