Mission SMARA au nord MALI

Nous repartirons de Niafunké le lendemain matin pour gagner enfin, après plus de deux jours de voyage, la zone où nous devons travailler …

Arrivée à Dianké où nous sommes reçus par le charmant docteur Morike. Installé là en 2009 il avait suivi un stage de formation en échographie (pris en charge par SMARA) avant d’être victime d’une entorse du genou qui l’a mis au repos pour plusieurs semaines et il n’a donc véritablement pris son poste que depuis février.

CSCOM que je connais bien; je suis pris à la gorge tant il est bien mal tenu sur le plan de la propreté et de l’hygiène  je m’isole immédiatement avec le médecin pour lui demander des explications sur la saleté des locaux : absences répétées du gardien et mauvaise volonté pour accomplir le nettoyage des locaux; les étudiants ne manqueront pas de soulever à juste titre le problème si bien que je peux insister à nouveau, et en public cette fois, sur l’importance de le résoudre.  Morike acceptera le lendemain de se jeter à l’eau pour signifier par courrier au gardien que cela ne peut durer et alerter officiellement les autorités compétentes du problème  qu’elles ne peuvent ignorer puisque cela n’est pas nouveau et qu’il leur en a déjà été parlé…Je l’aide à préparer les différents  courriers que Souleymane traitera sur son PC pour l’imprimer…

Nous nous sommes donc à la consultation; à tour de rôle chacun des étudiants se charge de l’inscription sur le registre tandis qu’un autre interroge le patient avant de passer dans la pièce d’à côté pour l’examiner toujours sous la surveillance de Morike et la mienne, en  laissant le soin à Morike d’effectuer l’échographie en particulier pour tous les problèmes gynécologiques er ceux liés à la grossesse. L’apport de l’échographie est primordial dans le suivi des grossesses et c’est une approche captivante pour nos étudiants.

Ces trois étudiants boursiers m’ont appris la triste nouvelle du décès de Oussoumata, étudiant de 6ème année, boursier depuis plusieurs années qui avait décidé de suivre les missions de dermatologie et s’y était investi. Dans les suites d’une intervention bénigne il est décédé brutalement…Il avait l’habitude de m’adresser un petit mail très souvent pour s’enquérir de ma santé et de mes actions; son dernier message date de quelques jours avant cette intervention,. Ce grand garçon discret ne semblait absolument pas inquiet avant de « passer sur le billard ». Je suis abasourdi par cette méchante annonce…

Je reprends les termes de l’hommage qui lui est rendu dans la lettre SMARA parue hier par Catherine Goujon, dermatologue de l’association, qui l’a côtoyé de si près:

« Nous avions effectué notre première mission en collaboration avec un autre étudiant en médecine en février 2008 dans l’idée de consolider le partenariat entre étudiants maliens et français. Oussamata, réservé, discret, d’humeur égale s’est fait remarquer par sa capacité de travail et sa motivation pour la dermatologie. Le soir il reprenait les registres des patients pour les enregistrer dans l’ordinateur. Doué d’une excellente mémoireil avait pour projet de reprendre les pathologies de l’ensemble des missions de dermatologie initiées en 1997 et de travailler sur une thèse concernant les caractéristiques de cette pathologie.

Sa discrétion ne nuisait ni à ses convictions ni à son esprit critique. Respectueux et  rempli d’attention pour son maître le Docteur Pierre Traoré, il pouvait  être aussi frondeur et drôle avec les gens de son âge: en témoignent ses discussions avec le groupe de jeunes enseignantes de l’Allier rencontrées à Niafunké et dont il ridiculisait les plaintes à propos de la chaleur, de la poussière…

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IL nous a fait découvrir les difficultés auxquelles les étudiants en médecine sont confrontés à Bamako: chambres de 12 étudiants, amphithéâtres surchargés, alimentation réduite, dangerosité des transports… »

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