Sénégal: ruée sur les crèmes éclaircissantes, dangereuses et en vente libre

Communiqué de ©AFP / 23 mai 2009
relayé par le forum ReMed

DAKAR – Les crèmes éclaircissantes pour la peau, à base de corticoïdes et
d’agents dépigmentants très puissants, n’ont jamais eu autant de succès sur
les marchés du Sénégal où elles s’exposent en vente libre, malgré leur
dangerosité avérée.

Dans son cabinet de l’hôpital Aristide Le Dantec, à Dakar, la dermatologue
Suzanne Oumou Niang s’alarme de voir que « leur utilisation est en
augmentation constante depuis une dizaine d’années ».

« Ces crèmes sont en vente libre alors qu’elles ne devraient être livrées que
par ordonnance et pour des affections dermatologiques! Certains corticoïdes
n’ont même pas l’autorisation de vente dans les pharmacies », souligne le Pr.
Nian
g.

Dans le service où elle exerce, « 60% des cas d’infections sévères et
profondes de la peau sont liés à l’application de produits de
dépigmentation ».

Pour elle comme pour bien d’autres médecins dakarois, cette vogue est
devenue « un vrai problème de santé publique ».

Dans les échoppes du marché Sandaga, en plein centre de la capitale
sénégalaise, ce sont des cartons entiers de crèmes « Clair and White »,
« X-White » ou « L’Abidjannaise » que les marchands disent écouler
quotidiennement.

Les flacons se vendent de 500 CFA à 25.000 CFA (0,75 à 38 euros), les moins
chers étant importés de Côte d’Ivoire, du Mali ou fabriqués au Sénégal.

Sur les étiquettes, le taux d’hydroquinone – dépigmentant interdit dans
l’Union Européenne depuis 2001 – est officiellement de 2%, probablement supérieur en fait…

Depuis quatre mois, Mounass, 21 ans, s’enduit de ces produits deux fois par
jour.

Parce qu’elle estime que « les hommes préfèrent les femmes à la peau claire »,
elle peut dépenser 40.000 FCFA (61 euros) par mois pour sa dépigmentation,
soit l’équivalent du salaire minimum.

En dépit de tous les avertissements, la jeune femme assure ignorer les
dangers de ces produits.

Les patientes que le Pr. Niang voit défiler à l’hôpital ont de l’acné, des
tâches noires, des vergetures, des abcès. Deux cas de cancers de la peau
spécifiquement dus à l’utilisation de crèmes éclaircissantes ont même été
recensés ces quatre dernières années.

« Le risque de décès est surtout lié aux infections sévères de la peau,
principalement dues au corticoïdes, qui peuvent se généraliser »
(septicémie), explique la dermatologue.

L’utilisation de corticoïdes peut également engendrer hypertension et
diabète.

Et une étude effectuée en 2006 à la maternité de l’Institut d’hygiène
sociale de Dakar a montré que les femmes utilisant des corticoïdes à
outrance accouchaient d’enfants d’un poids plus faible que la moyenne des
bébés, selon la dermatologue Fatimata Ly, présidente de l’Association
internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (Aiida)
créée en 2002.

L‘utilisation des produits de dépigmentation finit par
provoquer une « dépendance psychologique ». « Les femmes ont
l’impression que si elles ne s’en servent plus, elles ne seront plus les
mêmes », constate le Pr. Niang.

Durant l’été, l’Aiida organisera à Dakar une journée de consultations
gratuites et des séances de prévention.

Pour notre part nous constatons lors de nos missions itinérantes que même en brousse ces produits sont utilisés par certaines jeunes femmes… A Dakar de grands placards publicitaires vantent au bord de la route qui méne à l’aéroport les bienfaits de certaines crèmes éclaircissantes …

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