THALIDOMIDE

Le 23 juillet 2008 sur ce blog nous vous entretenions de la Thalidomide utilisée comme traitement de la lèpre.

Depuis ce médicament est préconisé dans d’autres indications (myélome, certains cancers) et ressurgissent évidemment les effets délétères de ce médicament lorsque ne sont pas respectées les règles élémentaires visant à éviter l’exposition du fœtus à son action tératogène.

Le forumE-Med nous fait part d’un rapport des plus intéressants à ce sujet.

(Remerciements à CR pour la traduction de cet article.
Le rapport est disponible en anglais seulement ici :
http://www.who.int/medicines/news/thalidomide_embryopathy_meeting_report.pd
f?ua=1   CB)

La Thalidomide est de retour: sommes nous prêts à l’affronter?
http://www.who.int/medicines/news/thalidomide_story/en/

A la suite de consultations approfondies entre le Thalidomide Trust (R.U.),
l’O.M.S. et  Uppsala Monitoring Centre, des experts ont identifié les
actions clés en vue de développer des critères standards pour diagnostiquer
à la naissance les défauts liés à la thalidomide. Les résultats et les
recommandations sont disponibles dans un rapport publié aujourd¹hui.

Même si plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis qu’on a identifié les
risques de la thalidomide pour le fœtus, le risque est bien présent par la mise à disposition croissante de la thalidomide, notamment son emploi
dans des pays où la réglementation et la communication en santé sont
faibles. Ce risque se traduit par une seconde génération de bébés nés avec
des malformations congénitales.

L’emploi de la thalidomide pour traiter des lésions consécutives à la lèpre
et à certains types de cancers et à des conditions auto-immunes demandent
des diagnostics plus clairs faisant la relation cause-effet et les
procédures précises qui conduisent à des malformations congénitales.

« Si on veut promouvoir l’usage sans risque des médicaments, il est crucial
d’avoir un diagnostic qui met plein dans le mille, de façon à tracer les
causes de réactions médicamenteuses adverses » a expliqué Shanthi Pal,
Medicines Safety Programme Manager à l’O.M.S. à Genève. « Le rapport non
seulement aide au diagnostic des embryopathies dues à la thalidomide, mais
aussi il sert de modèle pour diagnostiquer d’autres types d’embryopathies
médicamenteuses ».

Faibles réglementations et faible communication en santé
Dans de nombreux pays, la thalidomide est autorisée pour traiter des
complications de la lèpre et des myélomes multiples. Dans des pays comme le
Brésil où des millions de comprimés sont distribués chaque année pour
traiter la lèpre, de nombreux cas de défauts thalidomide-like ont été
détectés à la naissance.

Une faible éducation en santé et le partage des médicaments sont un problème
qui conduit à des risques inattendus avec la thalidomide chez les femmes
enceintes. Il est certain qu’une meilleure règlementation et une meilleure
communication sont une des clés pour prévenir de futurs cas. Face à de tels
risques, il faut fournir un effort continu d’information des citoyens des
dangers de la prise de thalidomide pendant la grossesse. Pour des
diagnostics précis, il est crucial que les médecins et le corps de santé
aient accès à des dossiers complets de cas liés au médicament pendant la
grossesse, ainsi qu’à des informations détaillées des évaluations
génétiques

Cliniques.

Alors que certains chercheurs pensent que ce médicament est à blâmer pour
les défauts observés à la naissance, il existe d’autres causes génétiques de
défauts semblables, qui ajoutent à la confusion. D’années en années, de
nombreux cas ont été mal transcrits, rendant problématique la recherche de
la cause. Pour le commun des mortels, la question de la cause peut paraître
simplissime alors que sont laissées de côté nombre de variables et de
confusions: cette mère a pris de la thalidomide pendant la grossesse, le
bébé est né avec des malformations typiques de ce médicament, donc la cause
en est la thalidomide. Parfois il arrive qu’on inverse le raisonnement: cet
enfant est né avec des déformations ressemblant à celles dues à la
thalidomide, donc sa mère doit en avoir pris pendant sa grossesse.

Cependant, la recherche laisse entendre que certains de ces défauts vus à la
naissance doivent être reliés à d’autres causes, certaines d’ordre génétique
et d’autres venant d’autres médications ou à d’autres facteurs maternels.
Comment la thalidomide peut-elle avoir un effet si dévastateur sur le foetus
est  une question sans réponse à ce jour. En déterminant les défauts à la
naissance attribuables à la thalidomide permettra d’avancer dans la
compréhension du mécanisme de cet effet.

« Il est de notre devoir devant les milliers de personnes qui ont été
atteintes d’une manière ou d’une autre, ou qui seront amenées à prendre ce
médicament dans l’avenir, de clarifier nos connaissances du mécanisme
d’action et des effets de ce médicament », a déclaré le Professor Ralph
Edwards, de Uppsala Monitoring Centre.

Une pierre de gué:
Une équipe de l’hôpital Saint George, à l’Université de Londres, RU, a
présenté son travail, la création d’un algorithme qui permettra de faire une
évaluation fiable d’une embryopathie due à la thalidomide. Ce travail a été
peaufiné à la lumière des conclusions de cette réunion, il est en cours
d’évaluation en utilisant des cas reconnus pour leur liaison à la
Thalidomide.

Avoir enfin une procédure claire pour diagnostiquer les cas:
Se mettre d’accord sur une embryopathie de type thalidomide est très
vraisemblable, mais d’autres facteurs épidémiologiques et cliniques comme la
génétique, peuvent être considérés pour développer un outil d’aide à la
décision plus efficace pour les cas probables, possibles et autrement peu
Vraisemblables.

« Il est particulièrement important qu’on arrive à avoir une plus grande
confiance  dans la recherche de la causalité qui est restée controversée et
négligée pendant des décennies. On a maintenant une feuille de route, qui
inclut la poursuite de la recherche, ainsi que le développement d’une
communication plus efficace sur le risque, et une meilleure compréhension
des rapports de grossesse » a déclaré Edwards.

Le travail dans ce domaine est en cours. Ces outils et ces méthodes donnent
une base solide pour un jugement clinique humain plus précis au moment de
prendre une décision.

« La Thalidomide  est à l’origine de beaucoup de souffrances, non seulement
par ses effets dévastateurs directs, mais aussi à cause des nombreuses
inconnues qui l’entoure. Même si on ne s’attend pas à garantir le résultat
dans tous les domaines, ce travail en commun nous permet d’avancer vers plus
de clarté sur certaines questions essentielles » a déclaré Deborah Jack,
Executive Director du Thalidomide Trust.

Présentation de notre association en date du 21 décembre 2012 sur ce blog.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *