ECHOGRAPHIE en CASAMANCE en 2021

Objectifs :

Une nouvelle mission a pu être programmée en novembre 2021 après celle de 2019 avec trois axes différents.

1. Sages-femmes et échographie :

Cette mission a cherché à évaluer la qualité et la pérennisation de l’acquis en échographie par les sage-femmes impliquées et vérifier le bon fonctionnement de la stratégie de santé avancée mise en place pour le suivi gynéco-obstétrical des femmes des îles de basse Casamance. Pour rappel, par vos bons soins, ANIMA a mis à disposition 3 échographes portables, aux mains des 3 sage-femmes, munis de 2 sondes, abdominale et endovaginale.

J’ai également profité de cette mission pour parfaire l’utilisation des 2 groupes WhatsApp, créés en 2019.

Le premier est un outil, qui me permet de rester en veille auprès des 3 échographistes. J’essaie également d’élargir et utiliser cette application pour leur apprendre :

– à présenter leurs cas cliniques, vidéo de l’examen incluse, lorsqu’elles me font appel pour une aide au diagnostic,

– à transférer des données cliniques aux médecins référents pour un meilleur suivi des patientes et une cohésion de l’équipe soignante, malgré les distances,

– enfin pour partager, entre elles, leurs expériences.

Le second inclut l’ensemble des intervenants d’ANIMA concernés, de près ou de loin, par l’échographie. Il permet les échanges, tant à l’occasion de l’organisation d’une mission que pour les partages lors des tournées des sage-femmes, dont les commentaires sont toujours valorisants pour les organisateurs comme pour les intervenants.

2 Infirmiers et évaluation des notions anatomiques, suivi d’une initiation en échographie :

Un mannequin anatomique, avec des organes amovibles, a été acheté pour reprendre les repères anatomiques souvent méconnus par les infirmiers. Cette initiation a été envisagée pour évaluer la faisabilité d’une initiation à l’échographie générale en vue de créer un binôme sage-femme/infirmier pour étendre l’utilisation de l’échographe dans les îles. Le Dr Michel Doyer était chargé de cette tâche.

3 Initiation en échographie transfontanellaire des médecins, pédiatre et radiologue, du centre hospitalier régional de Ziguinchor :

ANIMA a pu financer, avec le soutien de la Fondation de France (Centre Maternel des Plantes) l’achat d’un échographe de qualité pour répondre aux besoins du Dr Diouf, pédiatre, dans son service, en particulier dans l’unité de soins intensifs en néonatologie. Lors de la remise de l’appareil, une prise en main lui a été proposée ainsi qu’une formation en échographie transfontanellaire, avec un versant théorique et un versant pratique.

Constat :

  • mis à leur disposition est un échographe portable, muni de 2 sondes, abdominale et endovaginale, transportable dans un caisson en plastique rembourré de mousse et un socle en bois.
    • probant…
      J’ai testé les batteries des échographes qui fonctionnent normalement.

    • La planification des missions est organisée par leur responsable hiérarchique, Kadialy, qui m’en transmet le calendrier. En fait, elle est largement fonction des besoins.

Pour rappel :  – Anaïs, de Djoguë, s’occupe des îles du petit Kassa (Haer, Hitou, Nioumoune).

                    – Banna, de Kafountine, visite les îles Karone (Kouba, Hilol) et Bliss (Boune et Saloulou).

                    – Rose, de Diouloulou, part, avec 2 de ses collègues, dans les terres vers les postes frontaliers aux confins de la Gambie (Touba Trankil, Madina Daffé, Dar Salam Chérif). Cet ajout de territoires pris en compte se révèle bien nécessaire car il concerne des villages musulmans où le taux de natalité est important.

J’ai noté que depuis le confinement, Anaïs n’est pas partie en mission. En revanche, Banna a effectué 4 missions, et Rose assure, avec ses collègues, une mission par semaine en visitant alternativement chacun des centres, dans les terres.

Nous sommes convenus avec Kadialy qu’il serait judicieux de leur demander un retour mensuel de leur activité échographique. En pratique, un retour d’activité tous les 3 mois convient mieux aux sages-femmes.

  • est fonction du recrutement.
  • Anaïs a un faible recrutement et ne pratique qu’une échographie par grossesse, généralement celle du 3ème trimestre. Je lui ai suggéré de proposer un forfait pour les 3 échographies afin de fidéliser ses patientes et d’améliorer leurs suivis dès le début de la grossesse.
    • A Diouloulou, Rose, Aurélie et Marie Désirée assurent des consultations d’échographie, tant à l’hôpital qu’en missions.
    • A Kafountine, Banna réalise une charge de travail importante bien qu’elle pratique seule toutes les échographies du service.
    • Pendant mon tour, j’ai pu aisément voir Anaïs et reprendre avec elle l’enseignement sur l’échographie en gynécologie. A Diouloulou, quand je suis passée, j’ai surtout vu Marie Désirée et Aurélie et n’ai pu travailler avec Rose qu’en mission. Malheureusement, le nombre important de patientes vues, ce jour-là, ne nous a pas permis d’aborder la théorie. De même, à Kafountine, je n’ai pas eu la possibilité de reprendre les notions théoriques avec Banna, également accaparée par le travail. Je ne m’en suis pas inquiétée compte tenu de leurs pratiques régulières.
  • ),

en obstétrique).

On constate qu’en 3 trimestres sur 4, les sages-femmes ont pratiquées près de 3000 échographies permettant de référer 40 patientes soit environ 1,3% des patientes vues. Ces résultats comparés avec ceux de l’an passé montrent une légère diminution du nombre de consultations échographique réalisé, liée sans doute au contexte de pandémie malgré l’extension de la stratégie avancées aux centres frontaliers. Pour mémoire, en 2021, 4047 échographies ont été réalisées avec 40 indications de transfert vers un centre plus compétent (soit 0,9%). Le nombre de patientes référées est en significative augmentation qui pourrait être secondaire à un meilleure dépistage de la pathologie.

  •  
    • Utilisation de WhatsApp :
  • Le groupe « missions SF Casamance » est un groupe créé avec les 3 sages-femmes, Anaïs, Rose et Banna. J’ai secondairement rajouté 2 autres personnes, Aurélie, sage-femme de Diouloulou et l’infirmier Paul de Kouba qui, secondé par une matrone, assure le suivi clinique des femmes et, en autodidacte, essaie de se former en échographie.

Ce WhatsApp me permet de rester en veille pour une aide au diagnostic. Forte de l’expérience des échanges avec Anaïs, je leur ai demandé de me présenter les cas cliniques de façon plus rigoureuse : nom, âge, geste, pare, antécédents, histoire actuelle et vidéo de la séquence écho. L’idée sous-jacente est de les former à présenter des dossiers médicaux qu’elles puissent faire suivre aux médecins auxquels elles sont susceptibles de référer une patiente.

Les demandes de conseils avec une séquence vidéo de l’examen se multiplient. C’est un excellent outil me permettant de résoudre certaines situations et surtout de mieux apprécier leur gestion de l’urgence. Il n’est pas exclu que je faille écrire un nouvel enseignement sur ce propos. Un autre axe à développer concerne le suivi correct du poids fœtal à partir d’une bonne évaluation du début de grossesse pour limiter les accidents en périnatalité, souffrance de l’enfant dénutri, souffrance de la mère à l’accouchement.

  • Le groupe « Echo Diouloulou » qui regroupe les sages-femmes impliquées en échographie, les médecins de Diouloulou et de Kafountine et Kadialy, est pour l’instant plutôt utilisé pour la bonne gestion du suivi des missions tant en interne (stratégie avancée) qu’en externe (avec les équipes médicales françaises).
  • Lors de la dernière mission, l’initiation des infirmiers  à l’échographie générale a été un échec car, la grande majorité, n’avait aucune connaissance anatomique.
    • Le Dr Michel Doyer était donc chargé de créer et solidifier des connaissances anatomiques, à l’aide d’un mannequin aux organes amovibles.
    • Lors de notre tour dans les îles, seul un infirmier, à Kouba, s’y est intéressé sérieusement afin de mieux comprendre les plans de coupe créés selon la mobilisation et la position de la sonde d’échographie. Il possède d’ailleurs un mannequin anatomique. Il a aussi reçu un vieil échographe en fin de vie et s’essaie à l’échographie pour améliorer son examen clinique. Il serait peut-être intéressant de mieux le former et d’envisager de le munir d’un échographe portable, pour réaliser, en fonction du besoin, des échographie générales et gynéco-obstétricales.

Par exemple, en 2021, Paul a suivi 21 femmes enceintes :

  • 26 échographies ont été réalisées par la sage-femme de Kafountine, Banna,
    • 19 échographies ont été faites à Kouba même, lors d’une mission,
      •  6 autres ont été faites à Kafountine.
      • 2 femmes n’ont pas bénéficié d’échographie car elles se sont présentées, presque à terme, au centre médical. Elles ont accouché avant de pouvoir être orientée vers Kafountine.
  • A Kafountine, la médecin-chef du centre hospitalier a confirmé son intérêt pour la pratique de cet examen, tout comme l’infirmier (Bourama Fabouré) qui manifeste une grande vivacité d’esprit. Le Dr Michel Doyer a pu réaliser des examens abdomino-pelviens avec  médecin et infirmier, ainsi qu’une présentation, « Echographie des grandes pathologies abdominales ».
    • Enfin, à l’hôpital de district de Diouloulou, il a également réalisé un cours magistral d’échographie abdominale et un cours d’anatomie de mise à niveau. La motivation des médecins comme des infirmiers n’est pas encore acquise. La mise en pratique de l’enseignement n’a pu être réalisé compte tenu du peu de patients à examiner.
  • Echographie transfontanellaire et médecins du centre hospitalier de Ziguinchor :
  • Un échographe portable a été remis en main propre au pédiatre Francois Diouf pour pouvoir dépister les nouveau-nés en souffrance cérébrale, nécessitant des gestes d’urgence, voire leur transfert vers Dakar, en cas de grande détresse.

Après une rapide prise en main de l’appareil, les principes de l’échographie transfontanellaire ont été donnés, au cours d’une mise en condition en direct du pédiatre et de son homologue radiologue, avec des nouveau-nés de l’unité de soins intensifs. Des échographies abdominales ont également été réalisées sous la direction du dr Michel Doyer.

  • Je lui ai laissé le PDF de l’enseignement théorique « échographie transfontanellaire » préparé pour lui, ce qui a été l’occasion d’un échange de PDF de formation différentes entre les docteurs François Diouf, Michel Doyer, Michel Rigouin et moi-même.
    • Je lui ai également laissé les PDF « échographie gynécologique » et « échographie obstétricale ». L’idée sous-jacente étant de le sensibiliser au mode de travail effectué par les sage-femmes avec qui il peut être susceptible de travailler, lors d’une grossesse compliquée.
    • L’échange a donc été très enrichissant. Je sais que le docteur François Diouf s’est entraîné depuis. Un WhatsApp « écho Zig » a été créé pour rester en veille si des questions se posaient lors d’échographies transfontanellaires compliquées.
    • Ce fut également l’occasion d’une prise de contact entre les docteurs Michel Doyer et le radiologue avec qui travaille le pédiatre.
  • Une rencontre et peut-être des perspectives d’enseigner l’échographie aux médecins :
    • Le hasard d’un petit déjeuner avec un voisin de chambre nous a permis, Michel Doyer et moi-même, de rencontrer le médecin responsable de la jeune faculté de médecine de Ziguinchor et de lui proposer d’enseigner la pratique d’échographie générale et interventionnelle, transfontanellaire et gynéco-obstétricale. Les réels besoins et les modalités restent à définir. Il s’agirait d’un autre type de mission pour ANIMA, dans le cadre de la formation des médecins. Une reprise de contact est intervenue courant mai.

En conclusion :

  • Le retour sur le terrain a permis d’identifier quelques nouvelles pistes tant théoriques que pratiques pour améliorer le bon fonctionnement du travail des sages-femmes :
    • Rédiger un enseignement sur la gestion de l’urgence,
    • Améliorer le suivi fœtal pour préparer l’accouchement et dépister les urgences néo-natales.
    • Créer de nouveaux postes d’échographie, pourquoi pas dans les îles (infirmier de Kouba) ou de l’autre côté du fleuve (Poste de santé d’Elinkine),
  • L’idée de former les infirmiers en binôme avec les sage-femmes est bien trop prématurée et donc  abandonnée pour le moment.
  • De nouvelles pistes d’enseignement de l’échographie, générale, pédiatrique et gynéco-obstétricale s’ouvrent auprès des médecins, à la faculté de Ziguinchor.
  • Reste enfin à continuer de développer l’utilisation des groupes WhatsApp pour harmoniser le travail des différents intervenants dans ce parcours de soin.

                                         Dr Inès de France, avec la collaboration du dr Michel Doyer.                                                                                                                                                                                                                                                                                             

Comments

  1. Elisabeth sage-femme qui a pu disposer pendant toute sa formation obstétricale et échographique d’une bourse ANIMA est actuellement hospitalisée à Lausanne.
    Elle a été admise depuis bientôt trois semaines et très bien prise en charge dans le service de soins intensifs: elle fait quelques progrès des plus encourageants depuis 48 heures.
    Nous remercions les médecins et le personnel du service pour leurs soins ainsi que pour leur disponibilité.
    Son époux l’entoure efficacement. Nous avons transmis à Jean-Claude son père à Nioumoune tous nos encouragements et toutes nos meilleures pensées et espérons qu’elle se sortira au mieux de ce très mauvais pas..

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