Hydroxychloroquine en labo/in vivo

Covid-19 : pourquoi l’hydroxychloroquine est efficace en labo, mais pas in vivo
La pandémie de Covid-19 en Francedossier

Une équipe de chercheurs a découvert un mécanisme expliquant que certaines molécules, déjà sur le marché, sont efficaces contre le Covid-19 in vitro, mais pas en situation réelle.

par Olivier Monod<https://www.liberation.fr/auteur/olivier-monod/>
publié le 29 juin 2021 à 8h29
https://www.liberation.fr/sciences/biologie/covid-19-pourquoi-lhydroxychloroquine-est-efficace-en-labo-mais-pas-in-vivo-20210629_CAOMTT5D4ZG7XCXMYTOIRJDPCU/


Comment expliquer que des dizaines de molécules, comme l’hydroxychloroquine, aient semblé avoir un effet contre le Covid-19 en laboratoire avant de décevoir ensuite chez l’être humain ? C’est la question que se sont posée des chercheurs de l’Institut Pasteur, de la société Novartis, du Quantitative Biosciences Institute et de l’université de Californie, à San Francisco, dont un article<https://science.sciencemag.org/content/early/2021/06/22/science.abi4708> publié dans la revue prestigieuse Science le 22 juin apporte une première explication.


Dans le cadre de la crise sanitaire, un très grand nombre de médicaments existants ont vu leur efficacité testée contre le virus responsable de la pandémie de Covid-19. «Dans l’histoire de la virologie, jamais autant de molécules déjà existantes n’avaient été testées pour voir si elles avaient un effet antiviral, explique Marco Vignuzzi responsable de l’unité Populations virales et pathogenèse à l’Institut Pasteur et coauteur de l’étude, à Libération. Beaucoup de molécules semblaient avoir un effet in vitro sur le Sars-CoV-2. Cela nous a semblé surprenant, presque trop encourageant.»

Dès lors, lui et ses confrères californiens ont essayé de comprendre ce qui reliait entre elles des molécules aussi différentes que l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, rendues célèbres par Didier Raoult<https://www.liberation.fr/france/2020/03/24/antiviral-antirivaux_1782929/>, mais aussi la desloratadine (un anti-allergique) ou encore la fluoxetine (la molécule du Prozac, dont Libération s’est fait l’écho<https://www.liberation.fr/societe/sante/des-antidepresseurs-efficaces-pour-se-proteger-du-covid-20210610_EKJIIVJ455AEBDNDFNJVWO6BE4/> de l’efficacité supposée).

Ses collègues biochimistes trouvent la solution à l’énigme. «Il s’avère que tous nos candidats efficaces in vitro ont une propriété physico-chimique commune, ce sont des composés qui sont dits amphiphiles cationiques», c’est-à-dire qu’ils aiment les lipides et portent une charge positive, détaille Marco Vignuzzi. En conséquence, tous ces composés perturbent la fabrication et le transport des lipides dans les cellules. Les scientifiques appellent cela la phospholipidose.

«Le virus a besoin de lipides dans son cycle de vie, c’est pourquoi un médicament qui induit la phospholipidose peut avoir un effet antiviral», explique Marco Vignuzzi. Ils décident donc de tester si les molécules démontrant une efficacité contre le Covid-19 en laboratoire déclenchent aussi la phospholipidose. Bingo, une corrélation directe est mise en évidence. «C’est une hypothèse pouvant expliquer pourquoi ces molécules n’ont pas d’effet dans le corps humain, mais il y a d’autres explications»,commente l’immunologiste Laurence Weiss, membre du groupe de priorisation des traitements de l’agence nationale sur les maladies infectieuses..

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