Risque vIH aggravé par la contraception injectable progestative en Afrique?

 

Plus de 16 millions de femmes vivent aujourd’hui avec le virus du sida (VIH) en Afrique subsaharienne. Un grand nombre de femmes y reçoit également une injection hormonale (progestatif) trimestrielle, méthode contraceptive bien plus répandue dans cette région du monde que la pilule.

La revue The Lancet Infectious Deseases publie ce 4 octobre  une étude dirigée par Renée Heffron – université de Washington, Seattle.

Catherine Vincent dans le journal « Le Monde », daté du 6 octobre 2011, analyse cette étude, portant sur 3790 couples hétérosexuels, sérodifférents ( un partenaire séropositif, l’autre pas), suivis pendant dix-huit mois en moyenne, dans 7 pays africains : Botswana, Kenya, Rwanda, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda et Zambie. Pour les deux tiers de ces couples, c’est la femme qui était séropositive au départ.

La publication montrerait que les femmes utilisant ce mode de contraception ont presque deux fois plus de risques de devenir séropositive.

L’incidence d’une contraception hormonale par voie orale n’a pu être prouvée (faible pourcentage de femmes prenant la pilule).

Comment comprendre cette augmentation de risques ? On note, chez les femmes séropositives utilisant une contraception par injection, un taux de charge virale plus élevé dans les sécrétions utérines. Pour expliquer cela, plusieurs hypothèses ont été évoquées : modifications de l’épithélium cervico-vaginal, variations immunologiques, ou encore influence du progestatif administré sur la virulence du virus. Mais aucune, à ce jour, n’a été validée.

« La question du lien entre contraception hormonale et infection par le VIH existe depuis plus de vingt ans et devient une question cruciale de santé publique. Il est temps de lui donner une réponse définitive« , estime l’épidémiologiste américain Charles Morrison (Durham, Caroline du Nord), qui plaide, dans le commentaire accompagnant l’article du Lancet Infectious Deseases, pour que la communauté internationale finance un essai randomisé (avec répartition aléatoire) sur cette problématique.

En attendant, les experts sont unanimes sur deux points .

  • La meilleure protection contre le virus du sida reste le préservatif.
  • Le bénéfice de la contraception hormonale en Afrique (réduction de la mortalité maternelle, augmentation du niveau socio-économique des femmes, suivi médical des enfants par le planning familial), en termes de santé publique, est sans commune mesure avec les risques qu’elle entraîne vis-à-vis du virus du sida.
  • A l’heure actuelle, la meilleure recommandation pour les femmes et les couples reste donc la contraception double : préservatif et contraceptifs hormonaux.

Présentation de notre association en date du 28 février sur ce blog.

Vous pouvez consulter notre bulletin d’Octobre sur le site

http://www.anima-ong.fr

PRENDRE CONNAISSANCE DES RÉACTIONS DE ONUSIDA dans le commentaire à cet article

 

Comments

  1. L’ONUSIDA demande que des analyses et des travaux de recherche
    complémentaires soient effectués sans plus attendre sur les liens entre
    contraceptifs hormonaux et risque d’infection à VIH
    http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchi
    ve/2011/october/20111004pshivhormonalcontraceptives/

    GENEVE, 4 octobre 2011— Le Programme commun des Nations Unies sur le
    VIH/sida (ONUSIDA) se penche avec préoccupation sur des données issues
    d’études effectuées récemment. Celles-ci indiquent que l’utilisation des
    contraceptifs hormonaux expose davantage les femmes aux risques d’être
    infectées par le VIH par le biais de leurs partenaires et de leur
    transmettre le virus. Les avantages des contraceptifs hormonaux de qualité
    ne sont plus à démontrer et doivent être examinés au regard de
    l’augmentation potentielle du risque d’infection à VIH.

    Pour répondre à leurs besoins en matière de santé sexuelle et reproductive,
    toutes les femmes devraient pouvoir avoir recours à des méthodes sûres de
    planification familiale. L’accès à la contraception sans risques est en
    outre essentiel pour réduire la mortalité maternelle et infantile et
    contribue à faire diminuer le nombre des nouvelles infections à VIH chez les
    enfants.

    De nombreuses études ont été consacrées aux effets potentiels des
    contraceptifs hormonaux sur le risque d’infection à VIH. Certaines ont
    montré une augmentation du risque tandis que d’autres ne concluaient pas à
    une hausse significative. Une analyse approfondie de ces études est
    nécessaire pour guider les décisions en matière de politiques et adapter les
    programmes en conséquence.

    En janvier 2012, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rassemblera des
    experts et des chercheurs pour examiner les conclusions en vue d’une mise à
    jour des orientations mondiales sur le VIH et l’emploi de la contraception.
    L’ONUSIDA collabore étroitement avec des partenaires pour donner les
    meilleures directives possibles aux pays sur la contraception sans risque et
    les différents moyens de prévention du VIH.

    À l’échelle mondiale, les femmes jeunes sont davantage exposées aux risques
    de subir une grossesse non désirée et de contracter l’infection à VIH, en
    particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne. Permettre à ces femmes de
    bénéficier de services de lutte contre le VIH est une priorité, notamment en
    Afrique subsaharienne, où le risque d’infection à VIH est plus élevé chez
    les femmes que chez les hommes.

    Les informations les plus récentes (2009) sur la prévalence du VIH montrent
    qu’en Afrique subsaharienne, la proportion de femmes et d’hommes parmi les
    personnes infectées est de 13 pour 10. La moitié des personnes vivant avec
    le VIH dans le monde sont des femmes, et 76 % de l’ensemble des femmes
    séropositives vivent en Afrique subsaharienne. Par exemple, des travaux de
    recherche effectués récemment dans le village de Vulindlela (Afrique du Sud)
    indiquent que pour la période 2005-2008, la prévalence du VIH chez les
    jeunes femmes était de 33 % dans la tranche 19-20 ans, de 44 % chez les
    21-22 ans, et de 51 % dans la tranche 23-24 ans.

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