Résistance aux médicaments antipaludiques

Le forum e-med (e-med@healthnet.org) nous informe:

https://reliefweb.int/report/world/combattre-la-resistance-emergente-aux-medicaments-antipaludiques-en-afrique-0 

L’OMS lance aujourd’hui une nouvelle stratégie de riposte

https://www.who.int/publications/i/item/9789240060265 face au problème urgent que constitue la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique.

Cette stratégie est publiée à l’occasion de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens, une campagne mondiale qui est menée chaque année dans le but de sensibiliser davantage à la menace grandissante que représente la résistance aux antibiotiques et à d’autres médicaments

Ces dernières années, des informations provenant d’Afrique ont fait état d’une résistance nouvelle des parasites à l’artémisinine, qui est le composé de base des meilleurs médicaments disponibles pour traiter le paludisme.

Certains signes inquiétants donnent par ailleurs à penser que dans certaines régions, des parasites pourraient être résistants à des médicaments généralement combinés avec l’artémisinine. Des mesures vigoureuses sont nécessaires pour préserver l’efficacité de ces médicaments.

 « Bien que la résistance aux médicaments antipaludiques soit une réelle source de préoccupations, les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) restent le meilleur traitement disponible du paludisme simple à P. falciparum », note le Dr Pascal Ringwald, auteur principal de la nouvelle stratégie et coordonnateur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS.

 « Les prestataires de soins de santé devraient continuer de prescrire et d’utiliser les CTA pour traiter les cas de paludisme confirmés. »

 Les CTA en bref :

 L’OMS recommande actuellement six CTA différentes en guise de traitement de première et de deuxième intention du paludisme simple à P. falciparum. Extraits de la plante Artemisia annua, l’artémisinine et ses dérivés sont des remèdes puissants connus pour leur capacité à réduire rapidement le nombre de parasites du genre Plasmodium dans le sang des patients atteints de paludisme.

 Les CTA consistent en l’association d’un dérivé de l’artémisinine (artésunate, artéméther ou dihydroartémisinine) avec un autre médicament. Le rôle de l’artémisinine est de réduire le nombre de parasites au cours des trois premiers jours de traitement, tandis que le rôle du médicament associé est d’éliminer les parasites restants et de guérir l’infection.

Résistance croissante aux traitements médicamenteux contre le paludisme :  À l’échelle mondiale, une résistance parasitaire à l’artémisinine a été observée dans le bassin du Mékong et dans plusieurs pays d’Afrique, notamment en Ouganda, au Rwanda et en Érythrée. Si à elle seule, la résistance à l’artémisinine fait rarement échouer le traitement, elle peut entrainer des taux élevés d’échecs thérapeutiques – comme on l’a vu ces dernières années dans certaines parties du bassin du Mékong.

 À ce jour, la résistance aux médicaments associés utilisés dans les CTA n’a pas été confirmée en Afrique, et le traitement reste très efficace. Cependant, il existe certains signes préoccupants : les données se rapportant à plusieurs pays font défaut et des résultats contradictoires sur l’efficacité des CTA doivent être examinés de plus près.

  La nouvelle stratégie de l’OMS s’appuie sur les enseignements tirés de plans mondiaux antérieurs et vient compléter les stratégies existantes, notamment l’action menée à plus grande échelle pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Elle vise à réduire autant que possible la menace et les répercussions de la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique, et s’articule autour de quatre piliers :

  – Renforcer la surveillance de l’efficacité des médicaments antipaludiques et de la résistance à ces médicaments.

    – Optimiser et mieux réglementer, par l’intermédiaire de mesures préventives, l’utilisation des produits de diagnostic et des traitements pour limiter la pression médicamenteuse.

    – Faire face à la résistance en limitant la propagation de parasites résistants aux médicaments antipaludiques.

    – Stimuler la recherche et l’innovation afin de mieux tirer parti des outils existants et de mettre au point de nouveaux outils contre la résistance aux médicaments antipaludiques.

Parmi les 20 interventions recommandées dans la stratégie, on retrouve notamment la production de données normalisées sur l’efficacité des médicaments, la promotion d’un accès équitable à des produits de diagnostic et à des médicaments de qualité, la mise en place d’une couverture optimale des activités de lutte antivectorielle dans les zones prioritaires et la mise au point d’outils innovants pour limiter l’infection palustre et la transmission du paludisme. Les interventions devraient être adaptées au contexte local, avec le soutien des parties prenantes aux niveaux mondial et régional.

L’Afrique subsaharienne assume à elle seule la quasi-totalité de la charge mondiale du paludisme ; selon les estimations, cette région a enregistré 96 % des cas de paludisme et de décès imputables à cette maladie en 2020. Environ 4 décès sur 5 concernaient des enfants de moins de cinq ans. 

Malgré les efforts considérables qui ont été déployés pour combattre le paludisme en Afrique au cours des 20 dernières années, les progrès ont stagné ces dernières années et, dans de nombreux pays durement touchés, les cas sont en augmentation. Les menaces qui se font jour, telles que la résistance aux médicaments antipaludiques, pourraient compromettre plus encore les progrès réalisés.

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