Premiers cas d’échec du traitement de première intention de la malaria

Communication du Forum E-Med

(Très mauvaise nouvelle !
Remerciements à CR pour la traduction de cet article.
First recorded cases of frontline malaria drug failing to treat UK patientsTuesday, 31 January 2017
New parasite strains hinting at potential drug resistance are a warning for Africa.
http://www.lshtm.ac.uk/newsevents/news/2017/first_malaria_drug_failing_cases.html
CB)

Premiers cas d’échec du traitement de première intention de la malaria enregistrés au Royaume Uni
De nouvelles souches du parasite faisant penser à la résistance aux médicaments sont un signal d’alerte pour l’Afrique.
31 janvier 2017

Un médicament très efficace contre le paludisme et d ‘usage courant au Royaume Uni  n’a pas permis de traiter 4 malades qui avaient contracté la maladie lors d’un court séjour en  Afrique, selon des informations publiées dans Antimicrobial  Agents and Chemotherapy.

Ces patients, qui ont finalement été guéris grâce à un autre traitement, ont été infectés par une nouvelle souche de Plasmodium falciparum. Bien que les chercheurs ne puissent pas ignorer d’autres facteurs possibles, ils pensent que cet échec est du à cette nouvelle souche qui est moins sensible à Artemether-lumefantrine  (AL), une association à base d’Artemisinine (ACT), un premier signe d’apparition de la résistance au traitement.

L’OMS recommande cette association ACT comme traitement de première intention dans les cas de malaria sans complication due au Plasmodium falciparum. Il est très important de noter que ces cas sont les tous premiers décrivant avec précision la diminution de la sensibilité à cet ACT utilise en Afrique, une région  du monde où la plupart des cas de malaria et de décès se produisent. L’équipe des chercheurs travaillait pour la London School of Hygiene & Tropical Medicine, en partenariat avec Public Health England (PHE), le Wellcome Trust Sanger Institute, l’Hospital for  Tropical Diseases et Cambridge University Hospitals NHS Foundation Trust.

Ce sont les tous premiers cas d’échec de AL documentés sur des malades du RU, dont on a eu connaissance très rapidement – entre octobre 2015 et février 2016. L’équipe craint que ces  cas marquent le début d’un changement du traitement de la malaria en Afrique, et aussi au RU. Il est important de noter qu’on n’a pas pu rapprocher ces cas de ceux trouvés dans la Région du Grand Mékong appelés « slow clearance ». Au contraire, chaque malade  a montré une mutation du parasite face à au moins l’un des quatre marqueurs de la résistance investigués par l’équipe.
Alors qu’on ne trouve pas de cas de malaria au RU, chaque année on diagnostique environ 2.000 acs chez des personnes qui ont été infectées lors de séjours dans des pays d’endémie,  comme en Afrique. Ce rapport fait état de quatre malades hospitalisés dans deux hôpitaux du RU, revenant d’Angola, du Libéria ou d’Ouganda. Après avoir diagnostiqué la malaria due au Plasmodium falciparum ils ont été traités par Artemether-lumefantrine. Dans un premier temps, ils ont tous recouvré en l’espace d’une semaine et ils sont rentrés chez eux, presque aucun  parasite n’étant détecté dans leur sang. Cependant, après six semaines de traitement, ils ont été réadmis avec des symptômes récurrents et un niveau de parasite élevé dans le sang. Entre les deux hospitalisations, aucun des patients n’était retourné dans un  pays d’endémie de la malaria.

Des échantillons sanguins furent envoyés à The PHE Malaria Reference Laboratory at the London School of Hygiene & Tropical Medicine, où on a conduit des investigations génétiques  et parasitologiques. Pour l’un des patients le Sanger Institute a aussi établi la séquence génétique du parasite.
Le Dr Colin  Sutherland, chargé d’enseignement en Parasitologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, qui a conduit l’étude, a déclaré ceci: “Artemether-lumefantrine est le traitement recommandé dans les cas de la malaria due au falciparum où le  danger mortel est écarté, au RU. On considère que cette stratégie marche bien, cependant ces résultats nous amènent à penser qu’il faudra la revoir – heureusement on possède d’autres traitements. Tous ces patients se sont présentés d’eux-mêmes, ce qui laisse  à penser qu’on peut avoir d‘autres cas au RU. Les médecins lors des premières visites doivent être avertis du risqué d’échec des ACT à base d’artémisinine, et ils doivent collecter toutes les informations spécifiques aux voyages effectués.

“On doit concerter nos efforts pour suivre les patients du RU atteints de la malaria. Ce qui nous permettra de juger de l’intérêt de garder les traitements de première intention actuels.  La bonne nouvelle est que les systèmes de test et d‘alerte coopératifs, conduits sous la supervision du PHE, sont très efficaces”.

Le plus inquiétant aux yeux des chercheurs est que Al est l’association de loin la plus utilisée en Afrique.
Pour le Dr Sutherland : “Ces cas sont un signal d’alerte pour l’Afrique. La résistance est la plus importante menace à laquelle nous sommes confrontés dans la lutte contre la malaria,  et elle semble commencer à apparaître dans certains endroits en Asie du sud-est. On doit comprendre l’échec de AL dans ces quatre cas d’infection par le Plasmodium falciparum. On avait trouvé des mutations dans des gènes impliqués dans des échecs de traitements en Afrique et ceci nous oblige à poursuivre nos recherches de candidats de marqueurs  génétiques de la sensibilité de AL en Afrique, probablement le premier signe de la résistance”.

Identifier les souches de parasites porteuses de problèmes potentiels dans les pays d’endémie de la maladie peut s’avérer difficile car les populations sont piquées par les moustiques  tous les jours. Aussi, étudier les échecs des traitements chez des patients ayant contracté la maladie dans des pays lointains à leur retour dans leurs pays où elle n’existe pas, veut dire que les chercheurs et les responsables peuvent sans difficulté déclarer  qu’une malaria acquise récemment est à l’origine des symptômes récurrents de la maladie.

Les auteurs du rapport reconnaissent que leurs conclusions auraient bénéficié d’une observation directe des doses des traitements de chaque patient pour assurer qu’il avait été  suivi complètement, et de la mesure des taux de lumefantrine dans le sang après traitement, afin d’écarter tout risque lié à une mauvaise absorption du traitement.

L’étude a été financée par des fonds de Public Health England to the Malaria Reference Laboratory à la London School of Hygiene & Tropical Medicine. Le séquencement du génome a été  financé par le Wellcome Trust Sanger Institute.

Lire aussi:

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/paludisme-une-souche-resistante-progresse-en-asie-du-sud-est_110299

Présentation de notre association ANIMA en date du 21 décembre 2012 sur ce blog.

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