Le ferry s’enfonce dans la nuit, plein sud, vers l’embouchure de la Casamance. Avant de m’endormir, je pense à la rencontre avec les deux jeunes sages-femmes qui sont venues nous voir le matin même à l’espace Thialy.
Élisabeth, en 2014, et Anaïs, en 2015, ont réussi l’examen final de formation de sage-femme à Dakar; et ce, avec le soutien d’une bourse que nous avons pu mettre à leur disposition; GO-SÉNÉGAL a généreusement octroyé à ANIMA le montant de la bourse pour chacune d’entre elles et pour les trois années de leur formation. Élisabeth a de plus suivi une quatrième année pour l’obtention d’une licence en 2015, Toutes deux continuent à être soutenues par ANIMA, grâce à Go-Sénégal, pour une prochaine formation à l’échographie obstétricale: cette discipline est désormais accessible aux sages-femmes au Sénégal, ce qui n’a pas été le cas pour Marie-Désirée que nous avions dû faire venir en France: toutes deux sont inscrites pour la prochaine session au printemps.
Nous avons longuement discuté avec elles. Elles nous ont raconté leurs difficultés à concrétiser ainsi leur ambition. Nioumoune est un village isolé, perdu dans les îles. L’école primaire à Nioumoune, le collège puis le lycée à Ziguinchor, hébergées chez un tuteur, pour décrocher le bac et rencontrer ANIMA qui leur a permis de se lancer dans ces trois années d’étude à Dakar: formation des plus difficiles en particulier pour la vie à Dakar (transports longs et onéreux au fil des jours…).
Elles travaillent toutes deux dans des structures privées où les 35 heures chères aux Français ne sont pas de mise! Parmi les pays d’Afrique francophone le Sénégal présente une démocratie s’affermissant au fil des années. Nous avons pu les entendre sur les progrès de la mise en place de la contraception et de la libéralisation des femmes dans la société sénégalaise, tout en évoquant les problèmes liés aux mutilations génitales (excision), hors la loi officiellement au Sénégal. Elles ont repris les tabous tant culturels que religieux auxquels doivent faire face les femmes , mais parfois aussi les hommes non autorisés à s’immiscer dans les problèmes féminins! Leur enthousiasme, leur désir de vraiment s’investir dans l’exercice de leur profession nous ont fait chaud au cœur ainsi que leurs remerciements pour notre soutien.
Elles voudraient qu’en plus, nous puissions les aider en leur apportant à chacune un ordinateur portable afin de pouvoir mieux travailler et consulter internet dans le cadre de la formation continue. Nous lançons donc un appel à ceux qui pourraient mettre à disposition de ces soignantes un ordinateur portable fonctionnel leur permettant de travailler dans de bien meilleures conditions. C’est d’ailleurs le souhait de tous les soignants que nous rencontrerons lors de nos déplacements. Nous pouvons trouver les personnes qui achemineraient sur place ces appareils en bon état et si possible révisés, munis d’une bonne batterie…Merci de nous contacter, au cas où….
Elles sont reparties vers leur lieu d’exercice à l’autre bout de la ville.
L’Aline Sitoé Diatta poursuit sa navigation vers l’embouchure de la Casamance.
Présentation de notre association ANIMA à la date du 21 décembre 2012 sur ce blog.