ÉRADICATION DU VER DE GUINÉE

En Afrique, la guerre du ver en passe d’être gagnée
Le Monde.fr | 16.01.2013 à 14h38 € Mis à jour le 17.01.2013 à 11h05
Par Charlotte Chabas
http://www.lemonde.fr/sante/article/2013/01/16/en-afrique-la-guerre-du-ver-
en-passe-d-etre-gagnee_1816661_1651302.html

C’est une douleur qui ressemble à « un coup de poignard », selon les
malades. Une »torture » qui peut durer des mois, se propager  sous la peau,
laisser  des plaies béantes sur les cuisses, les pieds, les bras, même le
visage parfois. C’est une »maladie de pauvre », un mal « du bout du chemin »,
comme l’appellent les employés des ONG qui le combattent.Indétectable, le
ver de Guinée se répand dans les mares stagnantes, là où les habitants des
campagnes viennent s’approvisionner en eau. A peine ingéré, le ver se
développe dans l’organisme humain, grandit pendant des mois, atteignant
parfois jusqu’à 80 centimètres, affleurant alors sous la peau meurtrie.
Contre lui, aucun vaccin ou médicament. Il faut percer, glisser  un petit
bâton de bois autour du ver, et tirer à raison d’un à deux centimètres par
jour. Un « traitement » qui cause des douleurs insoutenables, laisse courir
le risque d’une infection, marque à jamais le corps des malades, et cause
dans les cas les plus graves le décès des patients. « C’est le système D,
mais jamais un laboratoire n’a daigné s’intéresser sérieusement à une
maladie pareille », vitupère un responsable de l’Unicef.
DE 3,5 MILLIONS À 541 CAS

Le ver de Guinée est pourtant connu depuis les temps anciens. Si certains
historiens voient sa trace jusque dans les pages de la Bible, où des
« serpents brûlants » affligèrent les Israélites pendant l’Exode, d’autres
affirment que le caducée, symbole moderne des professions médicales qui
figure un serpent enroulé autour d’un bâton, représenterait le moyen de
retirer  le ver honni. Des témoignages de son existence ont par ailleurs
été retrouvés dans les anciens récits de médecins arabes, persans, grecs,
et des traces de ces vers ont également été relevées sur des momies
égyptiennes.
Pourtant, ce n’est qu’au début des années 1980 que l’Organisation mondiale
de la santé s’est intéressée à cette parasitose, aussi connu sous le nom
de dracunculose, et qui touchait à l’époque plus de 3,5 millions de
personnes dans le monde. Endémique dans une vingtaine de pays sur les
continents asiatique et africain, la maladie est alors devenue en 1982
l’objet d’une campagne d’éradication, dans le cadre de la décennie de
l’eau potable.

En 2012, seuls 541 cas ont été enregistrés, dans quatre pays africains :
le Soudan du Sud (520 cas), le Tchad (10 cas), l’Ethiopie (4 cas) et le
Mali (7 cas). Une réduction de 49 % par rapport à 2011, où 1058 cas
avaient été détectés. L’OMS espère même pouvoir officiellement considérer
la dracunculose comme la deuxième maladie supprimée de la surface de la
Terre, après la variole. Dans son rapport publié mercredi 16 janvier,
l’organisation estime que cet objectif devrait être atteint en 2015.

Un « succès mondial » qui repose sur une « association unique entre l’OMS,
les ONG, les pays concernés et les communautés locales », selon le docteur
Dieudonné Sankara, coordonnateur du programme d’éradication du ver de
Guinée. Car la dracunculose est « l’une des rares maladies qui ne peut être
éradiquée qu’en se basant sur un changement de pratique », rappelle le
responsable. Faute de traitement pour supprimer le ver après ingestion,
l’enjeu était en effet d’enseigner aux populations menacées les risques et
le moyen de se prémunir du parasite : boire de l’eau propre.

Présentation de notre association ANIMA en date du 21 décembre sur ce blog.

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