Casamance: les douze démineurs enlevés seraient aux mains d’un groupe séparatiste

La sécurité des Casamançais  passe d’abord par la poursuite du déminage dans le contexte de l’instauration d’une paix durable après trente ans de conflits.

 RFI nous informe:

http://www.rfi.fr/afrique/20130506-casamance-douze-demineurs-enleves-seraient-mains-groupe-separatiste-cesar-badiatte

En Casamance, région en proie à un conflit de basse intensité depuis 30 ans, douze démineurs de la société sud-africaine Mechem ont été enlevés vendredi 3 mai alors qu’ils effectuaient une mission de contrôle dans le village de Kailou, à une quinzaine de kilomètres de Ziguinchor. Selon des sources concordantes, ces employés ont été enlevés par des éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Pour le moment, aucune revendication n’a été formulée.

Peu de nouvelles ont pu filtrer sur le sort des douze démineurs, tous des employés sénégalais, dont trois femmes. Selon plusieurs sources, ces démineurs sont aux mains des combattants de César Atoute Badiatte qui dirige le front sud du Mouvement des forces démocratiques de Casamance.

Aucune revendication officielle n’a été formulée pour le moment. Mais cet enlèvement semble être en partie lié aux divergences de vues sur la question du déminage dans la région. En effet, depuis l’été dernier, deux organismes étrangers, Mechem et Norwegian People’s Aid, opèrent dans la zone pour y effectuer un déminage à but humanitaire. Les opérations ont connu une progression : d’après le Centre national d’action antimines au Sénégal (CNAMS), en moins de  cinq mois, 218 000 m² ont pu être dépollués.

Mais les ambitions de ce projet se heurtent aux réticences du mouvement séparatiste qui voit dans le déminage une atteinte à sa propre sécurité. « Le CNAMS a désormais atteint la ligne rouge au-delà de laquelle la sécurité des operateurs ne peut pas être garantie », avait mis en garde le mouvement séparatiste le 20 mars dernier, à l’issue d’une réunion de trois jours tenue en Guinée Bissau avec les principaux acteurs du déminage. Le MFDC estime en effet que « le déminage intégral de la Casamance est tributaire du processus de paix ».

Mais depuis cette réunion, les démineurs ont poursuivi leurs activités, notamment au village de Kailou, site sur lequel, selon plusieurs sources, un avertissement leur avait été officiellement adressé par des combattants du MDFC quelques jours avant leur enlèvement.

tags: Afrique du SudCasamanceSénégal

Présentation de notre association en date du 21 décembre sur ce blog.

 

 

Comments

  1. RFI le 10 mai
    Médiation bissau-guinéenne pour la libération des démineurs enlevés au Sénégal
    Par RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20130510-mediation-bissau-guineenne-liberation-demineurs-enleves-senegal
    Ce sont les premières nouvelles des otages enlevés le 3 mai dans le village de Kaïlou en Casamance. Il s’agit de douze démineurs enlevés par une faction du MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, qui réclame l’indépendance de cette région depuis trente ans. Une délégation de médiateurs bissau-guinéens, conduite par le responsable des relations extérieures de l’armée, le général Joazinho Yala, et le responsable d’une ONG bissau-guinéenne impliquée dans les discussions, ont pu les rencontrer quelque part à la frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Notre correspondant à Bissau les accompagnait. En exclusivité pour RFI, il a pu voir, lui aussi, les otages et César Atoute Badiate, le chef de la faction qui les a enlevés.
    Ce sont les douze otages- trois femmes et neuf hommes-, dans leur combinaison de travail, qui sortent en premier de la base. Visiblement, ils ont tous bonne mine. Ils se confient au coordinateur de « Mon ku mon » (Main dans la main, en créole bissau-guinéen), une ONG impliquée dans la médiation. Ils disent avoir été bien traités par leurs ravisseurs.
    Le coordinateur déclare : « Nous leur avons parlé. Ils disent tous être bien traités et réellement cela se lit sur leur mine. Je leur ai dit de tenir bon, nous allons tout faire pour qu’ils puissent renter chez eux ».
    Ensuite, les otages se présentent, un à un, au médiateur et prennent place sur de simples troncs d’arbre transformés en chaises à l’ombre des Anacardiers. Quelques minutes plus tard, un bruit dans les buissons annonce les combattants du MFDC. César Atoute Badiate et une dizaine de ses hommes arrivent de leur base située non loin du lieu de la rencontre. Ils saluent les otages et la délégation bissau-guinéenne.
    La promesse de libérer les femmes
    Les discussions peuvent alors commencer. Elles furent longues et parfois tendues, les rebelles dénonçant sans cesse les violations constantes des accords signés avec le Sénégal. Et à chaque dérapage, un recadrage du médiateur de « Mon ku Mon » est nécessaire pour éviter que les esprits ne chauffent. Pour des raisons humanitaires, César Atoute Badiate promet de libérer les trois femmes du groupe.
    Les douze démineurs ont aussi pu recevoir la visite du CICR. Ces personnes se portent plutôt bien dit la Croix-Rouge Internationale qui a pu apporter des nattes, des couvertures et un kit d’hygiène aux douze Sénégalais. Le Comité international de la Croix-Rouge se propose de faciliter la libération, une fois que les négociations auront été menées.
    CICR
    Membre du Comité international de la Croix-Rouge
    Si les parties décident de la libération des otages, le CICR se tient prêt à faciliter cette libération.
    Les raisons du rapt
    Dans un communiqué rendu public le 9 mai, le MFDC a expliqué les raisons pour lesquelles il avait enlevé les douze démineurs. Les séparatistes casamançais justifient leur rapt par le fait que ceux-ci aient délibérément violé leur espace d’occupation malgré les panneaux et autres signes interdisant l’accès de la zone à toute personne étrangère.
    Le centre sénégalais antimines, le gouvernement et la société sud-africaine Mekem ont donc failli volontairement au respect de l’accord signé en mars dernier à Sao Domingos, poursuit le communiqué. Ils en assument donc la lourde responsabilité, conclut-il.
    Le communiqué indique que les otages sont retenus pour les enquêtes préliminaires d’identification et d’établissement de leurs motifs d’agissement dans cette zone rebelle. Toutefois, selon le document, les branches politiques et militaires du mouvement sont en train d’exploiter les voies pour un dénouement heureux.
    Le chef de la branche armée a promis de libérer les trois femmes du groupe. Les neuf démineurs restants resteront quelques jours encore pour être fixés sur leur sort.

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